La PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. a-t-elle des effets indésirables?
Comme tout patient sous ARV, chaque utilisateur de PrEP doit être suivi sur le plan médical et biologique pour surveiller les risques potentiels associés à la prise de Truvada®, en particulier sur le plan rénal (suivi de la clairance de la créatinine, recherche d’une hypophophorémie signe d’une atteinte du tubule rénal, rare Syndrome de Fanconi, etc.).
Les effets indésirables associés à la prise de Truvada® ou de ses génériques les plus fréquemment rapportés sont les nausées et les sensations de faiblesse. Ils sont généralement passagers.
Si la personne prenant une PrEP devenait séropositive au VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. il serait important de le savoir rapidement pour adapter le traitement prescrit pour une combinaison de molécules plus puissantes. Il est capital d’articuler la PrEP avec des dépistages réguliers, car en cas d’infection, la Prep serait très insuffisante pour contrôler la réplication du virus et cela pourrait favoriser le développement de résistances du VIH aux ARV et donc une réduction des options de traitements futurs.
Existe-t-il un risque de résistance au traitement?
La plupart des essais (Iprex, Ipergay mais pas PROUD) n’ont pas montré de résistances induites par le schéma de PrEP par rapport aux deux principes actifs présents dans le Truvada®, le FTC et le Tenovovir. Il faut dépister les personnes avant toute prescription car le Truvada® seul n’est pas validé en traitement d’initiation du VIH: Le déficit de puissance probable induit des risques de résistance.
Un dépistage du VHB est également nécessaire, car l’usage du Truvada® en PrEP est formellement contre-indiqué en raison des risques de rebonds de l’hépatite B en prise intermittente ou en défaut d’observance de la PrEP continue.
Y a-t-il d’autres médicaments à l’étude ?
D’autres médicaments sont actuellement évalués pour une PrEP sous d’autres formes galéniques mais les données d’efficacité et de tolérance sont encore insuffisantes.
Ces autres essais concernent le maraviroc en comprimé mais aussi la rilpivirine et le cabotégravir, qui existent sous forme orale ou injectable à libération prolongée (une injection par mois ou tous les deux mois en cours d’essai dans le monde ; Et plus spectaculaire sans doute sur le plan conceptuel les molécules type MF 8591 (EDdA, inhibiteur de la transcriptases inverse de mécanisme différent) en cours d’essais préliminaires (Phase 1b) en implants sous-cutanés (activité possible durant 6 mois !). Toutes ces molécules permettraient d’éviter des prises journalières.
De nombreux autres dispositifs de prévention contenant des ARV sont en cours d’évaluation: notamment des gels préventifs à base d’ARV pour usage vaginal ou rectal, des anneaux vaginaux mensuels « deux-en-un » contenant des ARV et des contraceptifs… Mais aussi des antifungiques ou des antibiotiques contre les ISTIST Infections sexuellement transmissibles.
La PrEP augmente-t-elle le risque de désinhibition des comportements?
Le risque de désinhibition est majeur dans tous les essais de prévention, à fortiori lorsqu’il n’y a pas la crainte de recevoir un placeboPlacebo Substance inerte, sans activité pharmacologique, ayant la même apparence que le produit auquel on souhaite le comparer. (NDR rien à voir avec le groupe de rock alternatif formé en 1994 à Londres par Brian Molko et Stefan Olsdal.) Mais cela n’a pas été observé dans les essais Iprex, iPergay-ANRS et Proud, chez les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. pas plus que dans les études chez les couples sérodifférents hétérosexuels (Caprisa, Partners, Fem PrEP, etc). Par contre l’expérience du suivi post-essai sans placebo de Iprex et ANRS-iPergay semble monter un peu plus de prises de risques sous Truvada®. Et pour iPergay, cette légère augmentation concernant une population sélectionnée parce qu’elle déclarait déjà une forte exposition au VIH (plus de 70% de rapports anaux réceptifs sans préservatifs).
Après une période des années 80 et début des années 90 marquée par le choc du sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. et la mort de nombreux hommes, jeunes et moins jeunes qui a entraîné de la part des HSH la baisse du nombre de partenaires, le changement des pratiques de drague, la baisse de la fréquentation des lieux de sexe, l’adoption du préservatif et du dépistage, dès la fin des années 90, et surtout grâce les comportements ont changé: la drague a repris, les partenaires sont devenus plus nombreux, l’usage du préservatif a progressivement baissé, le dépistage a continué à augmenter. Les changements de comportement sexuel sont liés à des facteurs multiples, ils se produisent de façon continue. La PrEP est une réponse efficace au changement de comportement car elle apporte une prévention adaptée aux situations dans laquelle l’exposition est maximum. C’est un traitement avec un suivi qui comporte le dépistage systématique des IST. C’est aussi une prévention qui s’inscrit dans un ensemble de mesure: plus de dépistage, plus de traitement ARV immédiat dès le diagnostic, plus de dépistage systématique des IST dans les populations multipartenaires. .
Le préservatif garde sa place pour tous ceux qui le préfèrent à un traitement médicamenteux, pour ceux qui veulent être plus sûrs de se protéger contre les IST et l’hépatite C, pour ceux qui ont un partenaire de rencontre qui éventuellement prend la PrEP. Le risque existe d’une poursuite de l’augmentation des IST, c’est vrai, mais on peut attendre un impact favorable de leur dépistage plus systématique et de leur traitement.
Pourquoi la PrEP est-elle remboursée?
À l’instar du préservatif, la PrEP est remboursée, en tant que médicament préventif. Ce n’est pas toujours le cas comme le montre l’exemple de la prophylaxie du paludisme ou de certains vaccins: on peut choisir de ne pas voyager dans un pays inpaludé, mais avoir une vie sexuelle fait partie de la vie quotidienne de tous et toutes. L’évaluation positive du rapport bénéfice risque a permis la décision de remboursement sans laquelle il y aurait eu de fortes inégalités d’accès à cette révolution. La France a été le premier pays à prendre en charge complètement le coût de la PrEP.