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Washington State Convention Center, Seattle, 19e Conférence sur les Rétrovirus et les Infections Opportunistes (CROI). Aucun folklore apparent pour le deuxième jour de cette conférence, rendez-vous mondial de la lutte contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. côté sciences dures. Ni folklore local, ni pharmaceutique (les laboratoires sont interdits de stand et d’inscription comme tel, mais tous présents) ni communautaire, si l’on excepte une groupe de trans nord-américains qui déambule dans les allés aseptisées du centre de congrès. Le climat est studieux.
Rien ne peut néanmoins nous faire oublier que l’on est aux Etats-Unis. Pas plus les trois allumés isolés qui manifestent devant le centre dans l’indifférence totale au cris de «Stop the IIId world war!» avec la photo d’Obama affublé d’une moustache hitlérienne, que la volontaire, handicapée et obèse, en chaise électronique, qui surveille le port du badge devant l’escalator qui conduit aux salles de sessions ou de plénière. Comme si sa (sur)vie en dépendait.
Pas non plus cet humour à trois dollars dont s’équipent parfois certaines communications orales. S’agissant de la CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. 2012, le maitre jeu de mot tournait autour du mot «ART», ces traitements antirétroviraux que l’on appelle plus HAART mais ART, sous entendu qu’ils sont tous Highly Active.
On a donc eu droit à l’appellation «popART» pour l’essai HPTN 071, essai de TaspTasp «Treatement as Prevention», le traitement comme prévention. La base du Tasp a été établie en 2000 avec la publication de l’étude Quinn dans le New England Journal of Medicine, portant sur une cohorte de couples hétérosexuels sérodifférents en Ouganda, qui conclut que «la charge virale est le prédicteur majeur du risque de transmission hétérosexuel du VIH1 et que la transmission est rare chez les personnes chez lesquelles le niveau de charge virale est inférieur à 1 500 copies/mL». Cette observation a été, avec d’autres, traduite en conseil préventif par la Commission suisse du sida, le fameux «Swiss statement». En France en 2010, 86 % des personnes prises en charge ont une CV indétectable, et 94 % une CV de moins de 500 copies. Ce ne sont pas tant les personnes séropositives dépistées et traitées qui transmettent le VIH mais eux et celles qui ignorent leur statut ( entre 30 000 et 50 000 en France). mené en Zambie et en Afrique du Sud, mais aussi à «ART for prevention: the science and the art», et bien-sûr au «State of the ART»… Stop!
Troubles neurocognitifs
Et puis pour ceux qui sont friands d’épistémologie française, dans le sillage de Gaston Bachelard, la session sur les troubles neurocognitifs (Session 23) atteste combien le développement scientifique n’est que récurrence de la pensée…
Pour rappel, lors de la CROI 2009, l’équipe nord-américaine CHARTER —pour CNSCNS Le Conseil national du sida et des hépatites virales (CNS) est une commission consultative indépendante composée de 26 membres, qui émet des Avis et des recommandations sur les questions posées à la société par ces épidémies. Il est consulté sur les programmes et plans de santé établis par les pouvoirs publics. Ses travaux sont adressés aux pouvoirs publics et à l’ensemble des acteurs concernés. Le Conseil participe à la réflexion sur les politiques publiques et œuvre au respect des principes éthiques fondamentaux et des droits des personnes. HIV Antiretroviral Therapy Effects Research— avait lancé à la face du monde du sida un score dit de Charter, précisément, sensé révolutionner l’approche neurocognitif du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi.
Le groupe CHARTER avait modélisé une classification des molécules antirétrovirales, basée sur une évaluation hiérarchisée prenant en compte leur efficacité clinique sur les atteintes du SNC et/ou virologique dans le LCR, leurs propriétés pharmacologiques (quotient inhibiteur dans le LCR) et en dernier lieu leurs propriétés physico-chimiques en trois, puis, une CROI plus loin, en quatre, niveaux de pénétration des antirétroviraux dans le compartiment cérébral. Mais la réalité multifactorielle des troubles neurocognitifs et l’absence de corrélations satisfaisantes entre ce score et la clinique ont fait, depuis, invalider en grande partie cette classification. A tel point que même Scott Letendre, le père et «VRP» du score de CharterScore de CHARTER Le score CPE ou score de CHARTER classe les ARV en quatre niveaux en fonction de leur capacité présumée à traverser la barrière hémato-encéphalique et à être actifs dans le système nerveux central (SNC). Le score repose sur des données d’efficacité clinique et/ou virologique au niveau du SNC, de dosages pharmacologiques dans le liquide céphalo-rachidien et des propriétés pharmacochimiques. Il correspond à la somme du score des différentes molécules de la combinaison antirétrovirale. n’en parle plus guère.
En cette CROI 2012, Scott Letendre a fait état d’un nouveau panel de protéines de l’inflammation (SCD14, rTNF, TNF1, CXCL10, CCL2, CXCL2, IL-6, CX3 CL1), dont les taux, adjoint à 4 critères VIH (CD4, NadirNadir Chiffre indiquant la valeur minimale enregistrée de la charge virale ou des CD4. de CD4, CV < 50 et ARV) permettraient de bien… classer les troubles neurocognitifs du VIH.
Parallèlement, la liste des facteurs de déclin neuronal ne cesse de s’allonger: sexe, VHC, nadir de CD4, niveau de CD4, charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. LCR/plama, troubles métaboliques et cardiovasculaires, usages de drogues, alimentation, insulino-résistance, tabac, alcool, antirétroviraux utilisés, etc. Sans oublier l’âge, de l’infection comme de la personne atteinte.
Le dialogue entre un activiste très américain et lipoatrophique, présent à toutes les CROI pour autant qu’il m’en souvienne, avec Igor Grant du groupe Charter, sur la banalité de trouver des troubles cognitifs dans une population vieillissante et lourdement co-morbide, illustre bien le débat actuel.
Igor Grant qui a commencé la session avec des chiffres alarmants, et contredits par les études récentes, de 30 à 50 % de troubles neurocognitifs dans la population VIH! Bon avec ça, Bachelard était français.