CROI 2010 — La CROI à l’assaut des «prophylacto-septiques»
Le Pr Gilles Pialoux est à la CROI 2010, qui se tient cette année à San Francisco, du 16 au 19 février et coordonne le E-journal en direct de la CROI 2010 pour La Lettre de l’infectiologue. Cette année, les nouveaux outils de prévention sont présents dès la lecture du programme de la conférence.
> Consulter Le E-journal en direct de la CROI 2010.
Traditionnellement, durant le délicat J0 de la CROI en attendant la session d’ouverture et après, cette année, 11 heures 30 de vol, on compte et on se compte! Cette 17ème CROI, sise en un lieu historique de la lutte contre le VIH et du prix payé par la communauté gay au sida San Francisco, n’a pas dérogé à la règle. Comptage du nombre de repas pris ce jour-le-plus-long (5), des heures de décalage (9) et réglage des montres, comptage des participants (3500 ?) et des abstracts (956, et un taux d’acceptation de 52%), comptage des posters à passer en revue, comptage de tout de ce que l’on n’a pas fait en terme de recherche clinique depuis la précédente CROI et qui est dans le programme, fait par d’autres…
Et aussi comptage des français qui s’exposeront durant ces quatre journées de la conférence… Et il n’y en aura pas tant que çà en cette CROI californienne. Deux français invités ont droit à leur vignette photo: Jacqueline Capeau, pour la stéatose hépatique, et Olivier Schwartz pour les mécanismes de transfert cellulaire du VIH, tous deux souriants et on les comprend; une poignée seulement fera retentir le french accent: Stéphane Le Vu, Yves Levy, Laurence Weiss, Cyril Clavel, Gilles Peytavin, Odile Launay…
Et puis s’il faut compter sur une idée forte dés la lecture du programme, outre les confrontations de stratégies antirétrovirales (ARV), c’est bien l’entrée en force dans le débat scientifique des nouveaux outils de Prévention VIH. Du premier pré-workshop pour graduate students à la session de clôture il est question de prévention positive, de l’importance des couples séro-discordants dans la transmission du VIH, de la primo-infection comme impact sur la dissémination du VIH, des calculs d’incidence VIH, notamment en France (# 36LB) , du traitement anti-rétroviral comme outil de prévention ou Tasp (Panacée ou boite de pandore? s’interroge Kenneth Mayer, # 63), du dépistage comme outil préventif (session 10), mais aussi de la diffusion des antirétroviraux dans les fluide sexuels (session 24), de l’échec des microbicides (PRO2000 ; # 87LB) et de la prophylaxie pré exposition ou PreP dans les modèles animaux.
Un menu plus que copieux, donc. Très attendu dans ce secteur novateur et encore polémique : les expériences de San Francisco où la décroissance globale, en communauté gay, de la charge virale VIH est associée à une baisse des nouvelles contaminations1données qui contrastent avec la publication simultanée à la CROI (Jin et al. AIDS 2010 ;24 : on line) sur le risque de transmission par acte chez les gays australiens qui serait stable depuis les Haart. (# 33) et l’expérience de recherche-action menée par Julio Montaner auprès des usagers de drogues en Colombie Britannique qui a vu diminuer l’incidence du VIH dans cette population en associant dépistage et mise sous ARV drastiques (# 88LB). Expériences dont on espère qu’elles seront entendues des «prophylacto-septiques» au-delà de l’Atlantique. Ceux-là mêmes qui, en France, ont conduit la Cour des Comptes à épingler, dans son dernier rapport 2010, une «politique publique de lutte contre le VIH/sida insuffisamment active» et «le caractère marginal des dépenses de prévention et de dépistage VIH».