Covid persistant chez les patients immunodéprimés

La Lettre de l’infectiologue était aussi au colloque ESCMID Global. Parmi les présentations qui ont retenu l’attention, celle-ci de Dioverti M et al., sur le covid long.

Les patients immunodéprimés présentent un risque élevé de covid persistant, défini par la positivité d’au moins 2 tests à au moins 21 jours d’intervalle. Une étude rétrospective conduite dans dix centres aux États-Unis a inclus 304 patients ayant reçu un diagnostic de covid persistant entre mars 2020 et décembre 2023, dont 34% avec hémopathie maligne, 23% transplantés d’organe solide, et 18% receveurs d’une greffe de cellules souches hématopoïétiques. Ils ont été suivis pendant une durée médiane de 418 jours. Une large majorité (93%) recevait un traitement immunosuppresseur. L’âge médian était de 63 ans, 64% des patients avaient reçu au moins une dose de vaccin (médiane : 3), 89% avaient reçu au moins un traitement antiviral (remdésivir 74%, nirmatrelvir/ritonavir 15%). Les autres traitements consistaient essentiellement en plasma de convalescents (25%), anticorps monoclonaux (23%), immunoglobulines intraveineuses (10%) et corticoïdes (38%). Les deux tiers avaient été traités par monothérapie.

Les symptômes les plus fréquemment rapportés étaient la toux et la dyspnée (figure). Les patients ont eu entre 2 et 21 tests covid (médiane : 5) sur une période de 66,5 jours : 98% et 88% étaient positifs à 30 et 60 jours, respectivement. Le taux d’hospitalisation a été de 84%, et 31% ont été admis en soins intensifs. La mortalité était de 13,5% après un délai médian de 53 jours après le diagnostic. Parmi les survivants, 51% avaient un test négatif avec un délai médian de négativation de 100 jours. Une tendance à la réduction de la mortalité toutes causes confondues était observée pour la combinaison de traitements antiviraux versus monothérapie (29 versus 41%, p = 0,09), mais la mortalité liée au covid était similaire.

© La Lettre de l’infectiologue, d’après le poster de Dioverti M et al.

En conclusion, le covid persistant chez les patients immunodéprimés est associé à des taux d’hospitalisation élevés, une persistance de la positivité de la PCR et une mortalité hospitalière non négligeable en dépit du traitement antiviral. L’utilisation d’une combinaison d’antiviraux semble améliorer le pronostic, mais l’optimisation du traitement dans cette population nécessite la réalisation d’études prospectives randomisées pour apporter des conclusions définitives.