La femme enceinte face aux maladies infectieuses et à la vaccination

« Ce n’est pas toujours simple d’être une femme ». Derrière cet euphémisme, une session de posters discutés et commentés consacrés à la santé de la femme en infectiologie, et notamment de la femme enceinte.

Deux études ont été présentées, s’intéressant aux infections respiratoires dans la population des femmes enceintes. Une première étude chinoise (Zhang et al., abstract E0358) s’est intéressée aux complications obstétricales chez les femmes infectées par le virus de la grippe au cours de leur grossesse, sur une période de sept ans (2012-2019) en comparant de manière rétrospective 394 infections à plus de 21 000 femmes vaccinées.

Si au global, il n’y avait pas de différence en termes de complications entre les femmes infectées et vaccinées (figure 1), les auteurs ont toutefois observé une augmentation significative du risque de petit poids à la naissance (OR = 1.70 [1.01-2.86]) et de prématurité (OR = 1.91 [1.18-3.09]) lorsque l’infection survenait au premier trimestre. A contrario, la vaccination était associée à une diminution significative du risque de césarienne (OR = 0.94 [0.90 – 0.98]) ou encore de prématurité (OR = 0.69[0.64 – 0.74].

Cette étude confirme toute l’importance de vacciner les femmes enceintes contre la grippe et ce, dès le premier trimestre. Situation complexe tant la liste de vaccins proposés à la femme enceinte est longue 1 (outre le vaccin grippal, le vaccin contre le covid-19 la vaccination contre la coqueluche avec un vaccin tétravalent (dTcaP), la vaccination contre le VRS…) dans un contexte d’acceptabilité vaccinale complexe2. En France, la couverture vaccinale contre la grippe chez la femme enceinte était estimée à 21% entre 2019 et 2021, loin encore de l’objectif de 75% de couverture vaccinale dans cette population (Vaux S et al, BEH 2023).

Fig. 1, comparaison des complications obstétricales chez les femmes infectées par la grippe ou vaccinées au cours de leur grossesse (Zhang et al., abstract E0358)

Femmes enceintes et covid long

Une seconde étude menée à Singapour (Tan et al., abstract E0360) a analysé de manière rétrospective une cohorte de 11 200 femmes infectées par le SARS-CoV-2 pendant leur grossesse (et dont plus de 99% avaient un schéma vaccinal complet) comparé à 15 200 femmes enceintes n’ayant pas contracté le virus et à 332 000 ayant été infectées en dehors d’une période de grossesse. Les femmes infectées enceintes avaient ainsi un risque significativement plus élevé de présenter des symptômes liés à l’infection en post-aigu (aHR = 13.39 [10.55-16.98]). Les principales manifestations observées étaient d’ordre neurologique. De façon intéressante, le risque de développer un covid long était accru au cours du 3e trimestre de grossesse (aHR = 4.16[2.38 – 7.30]).

Ce sur-risque était mis en évidence quel que soit l’âge de la femme au moment de sa grossesse, et donc indépendamment du seuil des 35 ans au-delà duquel une grossesse est dite « gériatrique » par les spécialistes de la question. Si les conséquences à long terme de l’infection par le SARS-CoV-2 sont maintenant bien connues et décrites, cette étude a l’intérêt de s’intéresser spécifiquement à la population particulière des femmes enceintes à l’ère d’Omicron.

  1. Calendrier des vaccinations et recommandations vaccinales 2024 ↩︎
  2. https://www.academie-medecine.fr/wp-content/uploads/2025/03/Vaccins-grosssesse-APRES-VOTE.pdf
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