Mpox, de retour avec un nouveau clade

Le gouvernement français a placé le système de santé en état de vigilance, face à l’épidémie de mpox qui sévit en Afrique et après que des cas de clade 1b ont été détectés en Suède et au Pakistan. La Haute Autorité de santé doit mettre à jour les recommandations vaccinales d’ici à fin août. L’Organisation mondiale de la Santé a décrété une urgence de santé publique de portée internationale, l’alerte sanitaire de niveau le plus élevé.

Face à la circulation du virus mpox de cladeClade Variants. 1 en Afrique centrale et à l’expansion récente d’un sous-type réputé plus létal et transmissible sans qu’aucune preuve ne soit apportée (clade 1b) en Afrique de l’Est, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré mercredi 14 août une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI), ce qui a pour objectif d’appeler à la mise en place d’une réponse internationale efficace, coordonnée et solidaire.

Mpox virus (orange) Source NIAID

Le lendemain, la Suède déclarait un premier cas positif de mpox de clade 1b sur le sol européen. L’ECDC estime le risque d’infection par un virus mpox de clade 1b pour la population générale comme faible, et modéré pour les personnes ayant des partenaires sexuels multiples qui n’ont pas été infectées auparavant par le clade II b ou qui n’ont pas été vaccinées.

La France a placé le système de santé en «état de vigilance maximale» dès le 16 août. Des «mesures d’information et de recommandations nouvelles» sont instaurées pour les personnes voyageant dans les zones à risque, selon le Premier ministre démissionnaire et la HAS a été saisie pour statuer sur «l’actualisation des recommandations» de vaccination relatives aux «populations cibles». «Quelque 232 sites de vaccination sont déjà ouverts à travers le territoire et de nombreux autres seront disponibles», a-t-il indiqué le 20 août sur son compte Twitter. Il a également prévu l’envoi de stocks de vaccins en Afrique, afin de «contenir le foyer épidémique en Afrique», dans le cadre d’une «stratégie globale de protection de nos concitoyens».

La stratégie de 2022 réactivée

La France s’est dotée en 2022 d’une stratégie de réponse au mpox avec un dispositif de surveillance, prévention, diagnostic rapide, prise en charge des cas et des contacts et vaccination. Une stratégie qui est réactivée cette fin d’été, notamment en renforçant la surveillance des infections par les orthopoxvirusOrthopoxvirus Famille de virus à laquelle appartiennent la variole, la vaccine et le monkeypox (mpox). –dont le mpox– qui font l’objet d’une déclaration obligatoire.

La Direction générale de la santé a activé la Cellule d’intervention biologique d’urgence (CIBU) de l’Institut Pasteur qui est chargée d’analyser les prélèvements suspects réalisés dans les établissements hospitaliers parisiens ou au centre médical de l’Institut Pasteur (CMIP) pour établir un diagnostic de mpox, en complémentarité avec les établissements de santé de référence et en lien avec le centre national de référence —Laboratoire Expert (CNR-LE) des orthopoxvirus.

Aucune contamination par le clade I n’a encore été recensée en France. Depuis l’épidémie de 2022, c’est le virus du clade II qui circule à bas bruit, avec un nombre mensuel de cas rapportés variant entre 12 et 26 entre janvier et juin 2024, selon Santé publique France. À ce jour, les cas signalés sont majoritairement bénins et aucun décès n’a été signalé.

Un variant en RDC

Le nouveau variant du clade I (clade Ib) a été découvert mi-septembre 2023 dans l’Est de la République démocratique du Congo (zone frontalière avec le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie), avec une transmission majoritairement sexuelle (lire nos articles).

Si, depuis fin 2022, l’incidence s’est stabilisée à un niveau bas en Europe, la situation a évolué sur le continent africain. Du 1er janvier au 28 juillet 2024, l’African CDC rapportait 14 250 cas de mpox en Afrique (dont 2 745 confirmés biologiquement) et 456 décès. Le principal foyer de transmission identifié se situe en RDC, avec 96,3 % des cas, et uniquement des souches appartenant au clade I. Le reste des cas ont été déclarés au Cameroun (clades I et II), et en Afrique du Sud (clade II b). Depuis le mois de juillet, de nouveaux pays ont déclaré leurs premiers cas de mpox comme l’Ouganda (2 cas importés), le Burundi (8 cas), le Rwanda (2 cas), le Kenya (1 cas) et la Côte d’Ivoire (4 cas).

La recherche

L’ANRS-MIE a montré avec l’essai Doxyvac que le déploiement rapide d’une vaccination antivariolique par le MVA-BN (Modified vaccine Ankara) parmi les hommes non infectés par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. ayant des rapports sexuels avec des hommes permet de fortement réduire le risque de mpox, avec une réduction de l’incidence estimée à 99 %. Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’une publication dans la revue The Lancet Regional Health-Europe le 31 juillet 2024.

L’agence mène plusieurs projets de recherche en lien avec le mpox (MPox-URgenT, PaMAScreM, Motiva, ou encore Panafpox (lire notre article). Elle a ouvert une cellule émergence de niveau 1 sur l’épidémie en RDC et apporte une contribution à l’appel à projets d’urgence lancée par le Global Health EDCTP.

Ces recherches visent à identifier les réservoirs animaux du virus, ses mécanismes de transmission de l’animal à l’homme et entre êtres humains, ainsi que les dynamiques épidémiques qui en résultent.

Monkeypox info service
Le dispositif téléphonique « Monkeypox info service », mis en place en 2022 par les autorités sanitaires, est toujours accessible, tous les jours de 8h à 23h, au numéro vert 0 801 90 80 69 (appel et services gratuits, anonyme et confidentiel). Ce dispositif a en charge d’informer sur les symptômes, les traitements, les mesures de prévention et la vaccination, et d’orienter vers les dispositifs de prise en charge.