Cop 28 : le climat met la santé en danger

À l’occasion de la toute première Journée de la santé lors d’une Cop, le 3 décembre 2023, plus de 40 millions de professionnels de la santé du monde entier se sont joints à l’appel à l’action, lancé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les organisations de la société civile, pour donner la priorité à la santé dans les négociations sur le climat à la Cop 28.

«L’inaction climatique coûte des vies et a un impact sur la santé chaque jour», écrit l’OMS. Pour un avenir sain, les acteurs de santé exigent une action immédiate pour éliminer progressivement les combustibles fossiles, passer à une énergie propre, renforcer la résilience et soutenir les personnes et les communautés les plus vulnérables aux impacts du changement climatique.

«Face aux défis urgents posés par la santé et le changement climatique, les professionnels de la santé s’unissent dans tous leurs efforts pour améliorer les résultats en matière de santé et faire face aux crises climatiques», a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé.

L’année 2023 est dorénavant la plus chaude jamais enregistrée, marquée par une recrudescence des catastrophes climatiques – incendies de forêt, vagues de chaleur et sécheresses – entraînant des déplacements de populations, des pertes agricoles et une pollution atmosphérique accrue. La pollution de l’air causée par les émissions de combustibles fossiles engendre chaque année le décès de 5 millions de décès par an à l’échelle de la planète, selon une étude publiée dans le British Medical Journal. L’air pollué augmente le risque de développer les maladies respiratoires, cardiaques, les AVC, cancers du poumon, et bien d’autres affections. Et rien que l’année dernière, 62 000 décès ont été attribués aux vagues de chaleur dans 35 pays de la Région européenne de l’OMS.

Photo de Chris LeBoutillier sur Unsplash

Des vecteurs voyageurs

La crise climatique actuelle accroît le risque de maladies mortelles telles que le choléra, le paludisme et la dengue, en favorisant les déplacements d’insectes vecteurs dans des régions du monde où ils étaient auparavant absents. L’OMS vient de publier son rapport mondial sur le paludisme qui comprend, pour la première fois, un chapitre dédié à l’intersection entre le changement climatique et le paludisme.

Les changements de température, d’humidité et de précipitations peuvent en effet influencer le comportement et la survie du moustique porteur du paludisme. Les événements météorologiques extrêmes, tels que les vagues de chaleur et les inondations, peuvent également avoir un impact direct sur la transmission et la charge de morbidité. Les inondations catastrophiques au Pakistan en 2022 ont multiplié par cinq les cas de paludisme dans le pays.

«Le changement climatique constitue un défi important pour les progrès contre le paludisme, en particulier dans les régions vulnérables, selon le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Des réponses durables et résilientes au paludisme sont plus que jamais nécessaires, associées à des actions urgentes pour ralentir le rythme du réchauffement climatique et réduire ses effets».

Des déclarations…

Les ministres de la Santé du monde ont approuvé la Déclaration de la COP28 sur le climat et la santé, soutenue par 120 pays. Ils y reconnaissent l’urgence de prendre des mesures pour «abaisser la pollution de l’air», favoriser les «mobilités actives» ou «passer à des régimes alimentaires sains et durables». Aucune mention des énergies fossiles, alors que plusieurs observateurs se sont inquiétés du lobbying massif des pétroliers lors de cette Cop, qui se tient aux… Émirats arabes unis, septième producteur mondial de pétrole.

L’OMS milite depuis plusieurs années pour une meilleure intégration des questions de santé dans les décisions des instances internationales. Par exemple, le bureau européen a signé la Déclaration de Budapest en juillet dernier, une série d’engagements visant à promouvoir un environnement propre, sûr et sain. Mais les déclarations suffisent-elles ?