L’arrêt de l’étude DoxyVAC confirme l’intérêt de la doxycycline en post-exposition

Après DOXYPEP, les résultats de l’étude ANRS 174 DoxyVAC confirment l’intérêt de la prise de doxycycline après un rapport sexuel pour faire baisser le risque d’infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes.

Une nouvelle étude concernant l’utilisation de doxycycline en post-exposition est suspendue à la demande du Comité indépendant et ce, pour une bonne raison: la très grande efficacité de l’utilisation d’antibiotiques en prophylaxie sur la réduction du risque de contracter des ISTIST Infections sexuellement transmissibles. 

Le concept de prophylaxie post-exposition (PEP) avait été évalué pour la première fois dans l’essai ANRS IPERGAY, au cours duquel l’utilisation de doxycycline dans les 72h après les rapports sexuels a montré une réduction d’environ 70% du risque d’infection à chlamydia et de syphilis. D’autre part, un certain nombre d’études ont rapporté ces dernières années que les personnes vaccinées par le vaccin Bexsero® contre le méningocoque B pouvaient voir leur risque d’infection à gonocoque réduit d’environ 30%.

Cet été, des résultats concordants provenant de l’étude américaine DOXYPEP avaient été présentés à la Conférence internationale sur le sida de Montréal en juillet 2022 et ils montraient une réduction d’environ deux tiers du risque de contracter une IST bactérienne, la plupart des IST détectées étant asymptomatiques. La différence d’efficacité significative entre les deux bras avait poussé les chercheurs à interrompre l’essai un an avant la fin prévue, sur recommandations du comité de surveillance.

Un essai combinant doxycycline et le vaccin Bexsero® 

La spécificité de l’essai ANRS DoxyVAC était de proposer l’évaluation, dans un même essai prospectif randomisé, la combinaison de la doxycycline en PEP et de la vaccination par le vaccin Bexsero®. Initiée en 2021, cette étude est conduite auprès d’hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HSH) très exposés face au IST et ayant connu au moins un épisode d’IST dans l’année précédant l’étude. Ces hommes étaient issus de la cohorte ANRS PREVENIR, qui avait confirmé l’efficacité de la PrEP à la demande

Plus de 500 participants franciliens ont donc été répartis par tirage au sort en quatre groupes:

  • un groupe recevant une prophylaxie post-exposition par la doxycycline;
  • un groupe recevant une vaccination par le Bexsero®;
  • une groupe recevant la combinaison de ces deux interventions;
  • un quatrième groupe contrôle, ne recevant aucune des deux interventions.

L’analyse des données sur l’incidence des IST parmi les participants de l’étude, réalisée à la demande du comité indépendant de l’essai, a permis de constater que:

  • Le groupe recevant la doxycycline présentait une réduction importante du risque de syphilis et d’infections à chlamydia. L’incidence des infections à gonocoque était également réduite significativement.
  • Le groupe recevant le vaccin contre le méningocoque B présentait une réduction significative du risque d’infection par le gonocoque.

Suite à ces résultats, et en prenant compte ceux de l’étude américaine DOXYPEP, les responsables scientifiques et l’ANRS-MIE ont donc décidé : 

  • l’arrêt des inclusions de nouveaux participants dans l’étude;
  • la mise à disposition  à disposition de tous les participants de l’essai, s’ils le souhaitent, d’une prophylaxie post-exposition par la doxycycline et du vaccin Bexsero® contre le méningocoque B. Tous les participants en ont été informés par une lettre d’information spécifique approuvée par le Comité de protection des personnes (CPP) d’Ile de France en date du 17/10/2022. Le suivi des participants va se poursuivre jusqu’à la fin de l’année 2023 pour s’assurer de l’efficacité sur le moyen terme de ces stratégies de prévention sur le moyen terme. 

Pour le Pr. Jean-Michel Molina (département de maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis et Lariboisière, AP-HPAP-HP Assistance publique-Hôpitaux de Paris. et Université Paris Cité), investigateur coordonnateur de l’étude, «le concept de prophylaxie biomédicale au moment de l’exposition au risque d’infections sexuellement transmissibles dans le cadre d’une offre élargie de prévention est donc validé. Nous le devons à tous les volontaires de l’étude sans qui il n’aurait pas été possible de démontrer cette efficacité». Le Pr. Yazdan Yazdanpanah, directeur de l’ANRS-MIE, estime pour sa part qu’il s’agit d’une «avancée majeure dans la lutte contre les IST. Les résultats de l’essai ANRS DoxyVAC devraient faire évoluer les recommandations nationales et internationales en matière de prévention contre ces maladies.»

Les résultats de l’étude devraient être présentés à la CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. de Seattle, au début de l’année 2023.