Impact du COVID sur les maladies hépatiques et IST

La pandémie a entraîné des retards de diagnostic et de traitements des pathologies du foie. Elle a également provoqué une baisse du dépistage des Infections Sexuellement Transmissibles (IST).

Les dégâts collatéraux du COVID-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. sur la prise en charge des maladies hépatiques

Les prévisions ne sont pas bonnes. Dans les dix prochaines années, les retards de prise en charge liés au COVID-19 pourraient avoir de lourdes conséquences. La crise a focalisé tous les efforts sur une pathologie, au détriment des autres. Selon des modèles mathématiques, la crise pourrait entraîner 44 800 cancers hépatocellulaires et 72 300 décès liés au foie supplémentaires1Sowah, L., Chiou, C. Impact of coronavirus disease 2019 pandemic on viral hepatitis elimination : what is the price ? AIDS Research and human retroviruses, vol 37, n°8 (2021) dans le monde. Une étude menée aux Etats-Unis dans 125 hôpitaux montre une baisse des hospitalisations hebdomadaires pour cirrhose de 159% entre le premier trimestre 2019 et 2020. Quant aux patients admis, ils présentaient une cirrhose beaucoup plus sévère2Mahmoud, N. et al. Declining Cirrhosis Hospitalizations in the Wake of the COVID-19 Pandemic: A National Cohort Study. Gastroenterology (2020). Un constat inquiétant, confirmé par une étude française menée dans six centres hospitalo-universitaires d’Île-de-France. Elle montre une diminution du nombre d’admissions de patients atteints de carcinome hépatocellulaire à l’hôpital, comparativement à la même période en 2019. De plus, des retards de traitement de plus d’un mois étaient plus fréquents3Amaddeo, G. et al. Impact of COVID-19 on the management of hepatocellular carcinoma in a high-prevalence area. JHEP Rep. (2021). Dans un autre article paru dans Journal of Hepatology, Eliott Tapper écrit: «La pandémie de COVID-19 a fait voler en éclats les processus méticuleusement élaborés par lesquels nous fournissions des soins de qualité aux patients atteintes de cirrhose.»4Tapper, E., Asrami, S. COVID-19 pandemic will have a long-lasting impact on the quality of cirrhosis care. Journal of Hepatology (2020)

Un impact sur le VHC, le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et les ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  bactériennes

Selon une enquête menée dans 32 pays auprès des organisations de la société civile impliquées dans la lutte contre l’hépatite C, le principal problème a été la diminution du dépistage lors du premier confinement au printemps 20205Wingrove, C. et al. The impact of COVIDCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. 19 on hepatitis elimination. The Lancet, tome 5, num 9, p792-794 (2020). Les maladies du foie ne sont pas les seules à pâtir de la pandémie. C’est le cas également des IST, comme le VIH (Virus de l’Immuno Déficience Humaine). Le dépistage a été particulièrement impacté, avec une diminution de 650 000 tests entre janvier et septembre 20206ANRS. Covid-19, dépistage, PrEP… Le point sur l’épidémie de VIH en France et les pistes pour la stopper. Communiqué de presse (30 novembre 2020).

Selon une étude de l’ONUSIDA (Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida), l’impact du COVID-19 sur la production et la logistique pourrait entraîner des répercussions considérables sur l’approvisionnement en thérapie antirétrovirale dans le monde entier7UNAIDS. The impact of the COVID-19 response on the supply chain, availability and cost of generic antiretroviral medicines for HIV in low- and middle-income countries (juin 2020). On note également une chute des déclarations d’infections à chlamydia de 20% aux Etats-Unis au cours des dix premiers mois de 2020 comparé à la même période en 2019. On ne sait pas si cela est dû à une diminution de la transmission, ou, plus probablement, à une baisse des tests de dépistage8Crane, M. et al. Reporting of sexually transmitted infections during the COVID-19 pandemic. Sexually trasmitted infections (2020). En France, même tendance, avec une baisse importante de 60% du dépistage des IST bactériennes (syphilis, chlamydia, gonocoque) lors du premier confinement9Bulletin de Santé Publique. Surveillance du VIH et des IST bactériennes (décembre 2020). Or le dépistage est indispensable. Il permet aux patients de bénéficier de traitements et également d’éviter la transmission de la maladie.

Des conséquences sur le long terme

Certains effets de la crise sanitaire mettront des années à devenir visibles. Elle a provoqué une crise économique qui pourrait augmenter la consommation d’alcool et de drogues, avec des conséquences délétères sur les maladies du foie. Ainsi, l’enquête mondiale Global Drug Survey, menée entre mai et juin 202010Global Drug Survey. GDS special edition on COVID-19. https://www.globaldrugsurvey.com/gds-covid-19-special-edition-key-findings-report/, montre une augmentation du nombre de jours de consommation d’alcool en population générale11Jauffret Roustide, M. et al. Consommation d’alcool et d’autres produits psychoactifs pendant la pandémie de Covid-19 dans la Global Drug Survey : une perspective française. Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies, vol 26, n°2-3 (2020). Les efforts engagés pour minimiser les dégâts collatéraux du COVID-19 devront donc perdurer sur le long terme. Comme le souligne Elliot Tapper, «gérer une maladie chronique grave au milieu d’une pandémie infectieuse mondiale est un défi. Il incombe à l’ensemble des acteurs de santé d’être suffisamment forts pour résister à la tempête»12Tapper, E., Asrami, S. COVID-19 pandemic will have a long-lasting impact on the quality of cirrhosis care. Journal of Hepatology (2020).

FR-VHCV-210177-07/2022