Prévention — La prophylaxie pré-exposition à l’étude

« Tsais combien la CROI d’ché nous s’est pas calicer de tout1Se calicer de tout : se moquer de tout en québécois sur la prévention ! » En d’autres mots : le comité de programme de cette 16éme CROI en terre québécoise avait décidé de donner une large place aux méthodes novatrices de prévention et notamment à la prophylaxie pré-exposition (PrEP). C’est donc en séance plénière, ce mardi, que l’on se devait de tout savoir sur la PrEP (25° dedans et -6° dehors, gel dehors et gel antirétroviral dedans, dés 8h30 ; mais le proverbe québécois dit : « si tu trouves moins 6 degrés seulement un peu frisquet, tu vis au Québec »).

A l’évidence on était loin du sirop d’érable mais bien en pleine CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. à (sur)dominante US. Comme d’habitude. La PhD Sharon Hillier (Pittsbugh) – c’est elle qui s’y collait – nous l’a bien conté durant 30 mn de plénière : il y a les essais PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. menaient par les Etats-Unis au Botswana, en Thaïlande, en Ouganda et au Kenya pour la plupart (merci à la Bill et Melinda Gates !) et puis il y a le reste du monde… Soit à peu prés rien. Même vision sélective sur les molécules utilisées, ou utilisables, dans le PrEP : tenofovir avec ou sans FTC et rien d’autre. Pas une diapositive sur la place des anti-CCR5 ou des non-nucléosidiques dans ce type d’approche préventive, mais qu’importe. Les plus attentifs auront en mémoire Larry Corey (le jeu de mot ne fonctionne pas en anglais…) et son uptaded review de la CROI 2006 sur la recherche vaccinale anti-VIH : cinquante diapositives, notamment sur l’approche vaccinale STEP (dont l’échec cuisant en Phase III est l’objet à Montréal d’une late bracker et de plusieurs posters) et les essais vaccinaux conduits par le HVTN dans le monde ; monde dont la partie non US se résumait en une slide, ANRS comprise !

« Could it work ? »

Là c’était sensiblement le même déroulé : plusieurs essais chez les femmes, les couples sérodiscordants, les usagers de drogues et les MSM1Men who have sex with Men, terme désormais politiquement correct et incontournable dans les congrès et les publications. La loi des grands nombres, puisque ces essais US affichent 20 800 volontaires, dont 4200 rien que pour l’essai VOICE (Vaginal and Oral Intervention to Control Epidemic) dont l’acronyme résume les objectifs. Mais la non pus pas une diapositive dans une perspective de santé publique : comment intégrer la PrEP dans les outils actuels de prévention et de réduction des risques sexuels ? Quelle intervention sanitaire à associer au traitement préventif (intermittent ou pas ?) et quel impact sur la séroincidence attendue ? Comment un pays comme les Etats-Unis disposent de données de séroincidence chez les MSM alors que la France, dans l’attente des résultats de l’étude ANRS Prévagay, n’en a point ?

En fait la question que posait Sheron Hillier à propos de la PrEP s’était : « could it work ? » A défaut de réponse elle a soulevé bien des questions.