1) Performance de la charge virale pour le dépistage de l’infection par le VIH dans le contexte de la PrEP injectable (HPTN 084)
D’après Delany-Moretlwe S et al., abstr. 195, actualisé
Dans l’étude HPTN 083 évaluant l’efficacité du cabotégravir injectable à longue durée d’action (CAB-LA) chez les MSM et transgenres, la charge virale permettait la détection plus précoce de l’infection et ainsi de prévenir la résistance. Cette étude a évalué la performance du dépistage par la charge virale pendant la phase d’extension de l’HPTN 084 (OLE).

Pour rappel, l’HPTN 084 a évalué l’efficacité du CAB-LA par rapport au TDF/FTC oral quotidien pour la PrEP en Afrique orientale et australe. Le dépistage de l’infection était réalisé par un ou deux tests rapides, un test d’antigène/anticorps (Ag/Ab) et une charge virale à chaque visite dans cette phase d’extension. 2 462 participants avec 24 244 visites comprenant une charge virale réalisée ont été inclus dans l’analyse. 87 (4%) participants ont présenté au moins un test positif. L’infection par le VIH a été confirmée chez 8 (9%) des 87 participants (figure ci-dessous).

4/8 (50 %) ont été détectés par une charge virale isolée (vrais positifs). Parmi les 77 non confirmés comme infectés, une charge virale isolée a été retrouvée positive chez 12 participants (faux positifs). La sensibilité globale du dépistage par la charge virale était de 62,5 % (24,5 %-91,5 %). La valeur prédictive positive et le taux de faux positifs pour le dépistage de l’infection par une seule charge virale étaient de 25 % et de 75 %, respectivement. Selon l’utilisation récente du CAB-LA au cours des 6 mois précédents, la VPP était de 23 % avec une utilisation de moins de 6 mois, comparativement à 0 % avec une utilisation de plus de 6 mois (tableau). Les faux positifs de charge virale ont entraîné des retards d’injections de >10 semaines chez 5 (42%) des 12 faux cas positifs.

Cette performance réduite du dépistage par la charge virale pourrait s’expliquer par l’efficacité élevée de la prévention par le CAB-LA et par conséquence la faible prévalence de l’infection dans cette population (la valeur prédictive d’un test étant lié à la prévalence de l’infection). L.M.J.
2) Implémentation et persistance de CAB LA en PrEP
D’après Traeger M et al., abstr. 191, actualisé
Le cabotégravir à longue durée d’action (CAB-LA) a été approuvé en PrEP aux États-Unis en décembre 2021, mais les données en vie réelle sont limitées. Les auteurs ont évalué l’implémentation et la persistance du CAB-LA dans 2 systèmes de soins de santé intégrés et comparé les utilisateurs du CAB-LA à ceux ayant reçu une PrEP orale uniquement.
Les auteurs ont extrait les dossiers électroniques des adultes recevant une PrEP entre décembre 2021 et juin 2024 dans la Kaiser Permanente Northern California (implémentation en mai 2022) et Mid-Atlantic states (implémentation mars 2023) (5,4 millions de patients au total).
Parmi les 23 311 personnes ayant bénéficié d’une PrEP, 180 (0,8 %) ont reçu du CAB-LA pendant la période de l’étude. Par rapport aux utilisateurs de PrEP orale uniquement, une proportion plus faible d’utilisateurs de CAB-LA avait une assurance privée, une proportion plus élevée était plus âgée, une proportion plus élevée de sujets noirs et hispaniques, qui avaient plus fréquemment une IST bactérienne et une hypertension artérielle.

En terme d’adhérence, les résultats sont les suivants :
Parmi les utilisateurs de CAB-LA, 87,9 % et 74,9 % ont continué à prendre le CAB-LA respectivement à 6 et 12 mois après le début de l’étude. Pour les 35 personnes ayant arrêté la PrEP, 12 ont eu une prescription de PrEP orale après l’arrêt et 2 pendant l’utilisation de CAL-LA. Aucune infection VIH n’est survenue au cours du suivi.
L’utilisation du CAB-LA est très faible dans cette cohorte, mais la persistance est élevée. V.P.
3) Efficacité du traitement anti-rétroviral après une exposition au CAB-LA dans l’essai HPTN 083
D’après Landovitz RJ et al., abstr. 197, actualisé
Cette étude réalisée au sein de l’essai HPTN 083 a pour objectif d’analyser la réponse au traitement antirétroviral chez 47 personnes qui se sont infectées sous PrEP injectable après au moins une injection de CAB-LA. Pour rappel, l’HPTN 083 a évalué l’efficacité du CAB-LA par rapport au TDF/FTC oral quotidien chez les MSM et transgenres. 47 patients ont été évalués après leur mise sous traitement anti-rétroviral : 22 sous INI 14 sous EFV 10 sous IP et 1 sous IP+INI. Le contrôle virologique (CV < 50 cp/ml) a été obtenu chez 36 /47 patients (76,6%) sur un suivi médian de 294 jours (35-422). Chez les patients sous INI, l’efficacité virologique était de 71,4% et pour les autres de 80,8% (figure 1). La majorité des cas traités dans les 6 mois après l’administration de CAB était bien contrôlée sous INI (5/6).

Les patients qui recevaient un traitement à base d’INI n’avaient pas reçu, le plus souvent, de CAB-LA au cours des 6 derniers mois et présentaient rarement une résistance aux INI avant le traitement (un seul patient avec une R263K)(figure 2). Des mutations de résistance aux INI ont été retrouvées avant la mise sous traitement chez 9/44 (20,5%). Ces 9 patients ont été ensuite contrôlés par le traitement ARV (1 sous INI et 8 sous un autre traitement).

Ces résultats (tableau ci-dessous) montrent une bonne réponse à court terme, même en présence de mutations de résistance aux INI pour des patients traités avec une autre classe thérapeutique ; ce qui ne semble pas très étonnant. V.P.

Ces articles ont été précédemment publiés dans le e-journal de la Lettre de l’infectiologue. Nous le reproduisons ici avec leur aimable autorisation.