RIO est une étude randomisée en double aveugle contre placebo menée auprès de 68 patients (34 par groupe). Son objectif était d’évaluer l’efficacité de deux anticorps neutralisants à large spectre (LS-bNAbs), 3BNC117-LS et 10-1074-LS, administrés en deux perfusions intraveineuses espacées d’au moins 20 semaines, pour contrôler la charge virale après l’arrêt programmé du traitement antirétroviral.
Les patients inclus dans l’étude devaient répondre à plusieurs critères :
- Un traitement débuté lors de la primo-infection ou un taux de CD4 > 500/mm³;
- Un contrôle virologique stable d’au moins un an;
- Un taux de CD4 > 500/mm³ ou un rapport CD4/CD8 >1;
- Des mesures de prévention mises en place pour éviter la transmission du virus.

Le rebond viral était défini par six charges virales consécutives supérieures à 1000 copies/ml ou deux charges virales supérieures à 100000 copies/ml.

Des résultats encourageants
À la 20ᵉ semaine (objectif primaire), les chercheurs ont observé une différence significative entre les patients traités avec les anticorps et ceux sous placebo: 75 % des patients sous 3BNC117-LS et 10-1074-LS n’ont pas présenté de rebond virologique, contre seulement 8,8 % dans le groupe placebo (HR: 0,09; 95% IC: 0,04; 0,21, p<0.0001).

Après la 20ᵉ semaine, la durée médiane de contrôle virologique sous LS-bNAbs était de 62,3 semaines et 57% des patients étaient toujours en contrôle virologique à la 48ᵉ semaine et 39% à la 72ᵉ semaine.

Trois profils de réponse virologique ont émergé:
- Un profil de rebond virologique rapide (8 patients sur 34) avant la 20ᵉ semaine, avec pour la moitié d’entre eux une sélection de résistance au 10-1074-LS.
- Un profil de rebond virologique retardé (14 patients sur 29) après la 72ᵉ semaine.
- Un profil de contrôle virologique (7 patients sur 29) au-delà de 72 semaines.

Par ailleurs, cinq patients ont présenté un rebond virologique dépassant 1000000 copies/ml.
Une tolérance satisfaisante et des effets immunologiques
Les niveaux des deux LS-bNAbs sont restés supérieurs à 10 µg/ml pendant plus de six mois après la dernière perfusion. Leur demi-vie a été estimée à 72,5 jours pour le 10-1074-LS et 64,8 jours pour le 3BNC117-LS. Aucun événement indésirable grave lié aux anticorps ou à l’interruption du traitement n’a été rapporté. Tous les patients ayant présenté un rebond virologique ont retrouvé un contrôle viral après la reprise du traitement antirétroviral.

L’analyse du réservoir viral a montré une diminution de la taille du réservoir de VIH avec une réduction de l’ADN viral intact. De plus, une amélioration des réponses des lymphocytes T spécifiques du VIH (protéine Gag) a été observée, suggérant un possible effet immunologique des anticorps après leur administration.
Ces résultats montrent qu’un tiers des patients ayant reçu ces anticorps a pu maintenir un contrôle virologique pendant 72 semaines sans traitement antirétroviral. L’amélioration des réponses immunitaires observée suggère que ces anticorps pourraient avoir un effet durable sur le système immunitaire, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles approches thérapeutiques pour le contrôle du VIH à long terme.
D’après Fidler S et al., abstr. 107, actualisé
Une version de cet article et cette présentation ont été précédemment publiés dans le e-journal de la Lettre de l’infectiologue à l’occasion de la CROI 2025.