Jusqu’à présent, dans le cadre de la PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. en Belgique et en France, un dépistage de Neisseria gonorrhoeae (Ng) et Chlamydia trachomatis (Ct) sur 3 sites, tous les 3 mois, était recommandé.
En France, le dépistage systématique tient une place importante dans le suivi des hommes ayant des rapports avec des hommes qui prennent la PrEP et pour une bonne raison : cette population étant touchée de manière disproportionnée par les infections sexuellement transmissibles (IST) bactériennes, le dépistage précoce ou chez les personnes asymptomatiques est préféré.
Depuis le mois de novembre 2023, la Belgique a fait un autre choix : il n’est plus recommandé de dépister systématiquement, et donc en l’absence de symptômes, gonorrhée et chlamydia chez les hommes cisgenres qui ont exclusivement des relations avec des hommes. (Le dépistage reste recommandé chez les personnes ayant également des relations vaginales avec des femmes cisgenres et/ou des hommes transgenres à qui on notifie une infection.) Jusqu’à présent, un dépistage systématique était toujours réalisé chez les PrEPeurs, mais Jonathan Krygier a choisi de ne pas appliquer ces recommandations dans son service.
Diminuer le risque d’antibiorésistance
L’étude Gonoscreen, menée par Thibaut Vanbaelen, est le premier essai randomisé réalisé pour évaluer si le dépistage du Ng/Ct est efficace pour réduire l’incidence de ces infections chez les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. et les femmes trans prenant la PrEP contre le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. Pourtant, ce dépistage systématique de Ng/Ct, en entraînant une augmentation du nombre de personnes traitées et donc une consommation élevée d’antibiotiques, pourrait induire l’émergence d’une résistance aux antibiotiques utilisés. Comme souvent en santé publique, le but de cette étude était de mieux connaître le rapport risques-bénéfices, entre diminution de la circulation des ISTIST Infections sexuellement transmissibles. dans une population exposée et augmentation du risque d’apparition d’une antibiorésistance.
Ainsi, entre septembre 2020 et juin 2021, 506 personnes ont été assignées aléatoirement au bras dépistage et 508 au groupe sans dépistage. Le taux d’incidence global de Ng et de Ct était de 0,155 cas pour 100 jours-personnes (IC à 95 % 0,128-0,186) dans le groupe de dépistage et de 0,205 dans le groupe sans dépistage. Les participants du groupe sans dépistage présentaient une incidence plus élevée d’infections à Ct (avec ou sans symptômes), mais aucune différence significative n’a été observée dans les infections à Ng.
Selon les auteurs, la non-infériorité de l’abandon du dépistage systématique n’a donc pas été prouvée, mais le bras dépistage était associé à une consommation d’antibiotiques plus élevée, et ils appellent à des recherches supplémentaires pour évaluer les avantages et les inconvénients du dépistage de Ng et Ct dans cette population. Un moindre dépistage des IST asymptomatiques induirait donc une moindre consommation d’antibiotiques et donc une moindre pression de sélection de résistances.
Vers une évolution des recommandations de la HAS?
Est-ce que les médecins français qui accompagnent des Prépeurs pourraient à leur tour faire évoluer leur pratique dans le cadre d’un suivi PrEP? Cette approche est-elle entendable, puisqu’elle est déjà adoptée pour Mycoplasma genitalium (Mg), qui n’est traité qu’en cas de symptômes.
Pour le Cédric Arvieux (CHU Rennes), «cette approche consistant à essayer de diminuer la consommation d’antibiotiques à l’échelle mondiale est vraiment intéressante et mérite effectivement des travaux complémentaires. Indépendamment de la population HSH, se pose aussi la question du réel impact sur l’infertilité du dépistage et du traitement systématique des chlamydiae chez les femmes (cela représente une “masse” de consommation antibiotique particulièrement importante)».
Les nouvelles recommandations françaises de la Haute autorité de santé (HAS), attendues sous peu, vont-elles être modifiées? «Nous avions déjà écrit les recos en gardant le dépistage et le traitement systématique tous les 3 à 6 mois chez les patients sous PrEP quand les papiers ont été publiés l’an dernier, explique Cédric Arvieux. Nous avons jugé qu’il était trop tôt pour proposer des modifications, et nous avons juste mis un commentaire dans la version longue disant que ce dépistage et traitement systématique des asymptomatiques étaient actuellement questionnés via les papiers récents.»
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Bibliographie
Lancet HIV. 2024 Apr;11(4):e233-e244. ; Int J STD AIDS. 2021 Oct;32(12):1183-1184)