À l’occasion de la 25e Conférence internationale sur le VIH/sida, Linda-Gail Bekker, directrice du Desmond Tutu HIV Center à l’Institut des maladies infectieuses et de médecine moléculaire de l’Université du Cap, et directrice générale de la Desmond Tutu Health Foundation, a présenté les résultats complets de l’essai de phase 3 PURPOSE 1.
Ces résultats, dont la version préliminaire a déjà été communiquée par Gilead Sciences fin juin 2024, ne sont pas passés inaperçus, et pour cause : ils démontrent que l’inhibiteur de capside injectable lénacapavir montre une efficacité de 100% en prophylaxie pré-exposition (PrEP) injectable deux fois par an chez les femmes cisgenres. Ces excellents résultats avaient d’ailleurs poussé les chercheurs à interrompre l’étude avant son terme, pour mettre l’injectable à disposition de toutes les participantes.
Quatre autres études PURPOSE sont en cours pour évaluer l’efficacité du lénacapavir dans d’autres contextes géographiques et auprès des hommes cisgenres ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), des personnes transgenres et non-binaires, et des usagers de drogue.
«Un outil miraculeux»
Pour Sharon Lewin, présidente de la Société internationale contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. (IAS) et coprésidente internationale d’AIDS 2024, «ces données confirment que l’administration biannuelle de lénacapavir pour la prévention du VIH constitue une avancée révolutionnaire, avec un énorme potentiel en santé publique.» Toujours selon Sharon Lewin, si le lénacapavir est approuvé et distribué «rapidement, à un coût abordable et équitablement» à celles et ceux qui pourraient en bénéficier, «cet outil à action prolongée pourrait contribuer à accélérer les progrès mondiaux en matière de prévention du VIH».
Et c’est bien ce qui a animé les débats autour du lénacapavir, lors de la conférence, qui a vu le laboratoire être également interpellé sur son stand : comment assurer l’accès à ce nouvel outil à l’efficacité redoutable? Le lénacapavir est actuellement commercialisé à 40000 dollars par an, mais selon les activistes, son prix pourrait être nettement baissé s’il était génériqué : il pourrait ainsi être fabriqué pour moins de 100 dollars par an. C’est pour cela que la People’s Medicine’s Alliance a demandé au laboratoire, dans une lettre publique signé par plus de 300 signataires, d’accorder une licence de production générique bon marché du lénacapavir via le Medicines Patent Pool (MPP).
Dans un geste assez rare, Winnie Byanyima, directrice de l’Onusida, a profité de la session d’ouverture de la conférence pour interpeller directement les représentants de Gilead au sujet du prix de lénacapavir: «Je sais que vous êtes dans la salle. Vous avez un outil miraculeux. Il faut le rendre accessible maintenant, pas dans six ans!». « Gilead, make it happen !», a-t-elle conclu.