Le cabotégravir injectable approuvé pour la PrEP en France

La Haute Autorité de santé (HAS) a approuvé l’utilisation du cabotégravir injectable (Apretude®, laboratoire ViiV) dans le cadre de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) contre le VIH.

Dans son avis publié le 27 juin 2024, la commission de la HAS considère que cette formulation du cabotégravir apporte « une amélioration mineure du service médical rendu», soit un classement ASMR IV, par rapport à l’association habituelle emtricitabine/ ténofovir disoproxil (Truvada®) utilisée en schéma d’administration continue oral.

Le CAB-LA est une forme de PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. injectable en intramusculaire, à action prolongée. Les deux premières injections sont administrées à quatre semaines d’intervalle, les suivantes toutes les huit semaines. En France, jusqu’à présent, le cabotégravir n’était autorisé qu’en traitement injectable contre le VIH, pas et non pour une utilisation préventive en PreP. Il est autorisé pour cet usage aux États-Unis depuis 2021.

Boite et flacon américain d'Apretude®. DR : ViiV
Boite et flacon d’Apretude® commercialisés aux États-Unis. DR : ViiV

Forte efficacité dans les essais

Cette décision de la HAS s’appuie sur des données probantes issues des essais cliniques HPTN 083 et HPTN 084, qui ont démontré une efficacité supérieure par rapport à la PrEP orale quotidienne dans le cadre de ces études, grâce à une meilleure observanceObservance L’observance thérapeutique correspond au strict respect des prescriptions et des recommandations formulées par le médecin prescripteur tout au long d’un traitement, essentiel dans le cas du traitement anti-vih. (On parle aussi d'adhésion ou d'adhérence.) du traitement préventif.

Les résultats d’HPTN 083 montrent une réduction de 66% des infections par le VIH chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et les femmes transgenres sous cabotégravir, par rapport à ceux prenant du ténofovir/emtricitabine (Truvada) par voie orale. L’essai HPTN 084 a révélé des résultats similaires chez les femmes cisgenres, avec une réduction de 89% des infections par le VIH.

L’Agence européenne du médicament (EMA) avait déjà donné son accord en juillet 2023 à la mise sur le marché de cette nouvelle forme de PrEP, recommandé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) depuis juillet 2022. Pour l’OMS, le cabotégravir long acting, «très efficace», comme la PrEP orale, augmente les «possibilités disponibles» et devrait toujours être offert en même temps que la PrEP orale.

Importance de l’observance

La commission de la HAS rappelle dans son avis l’importance de l’observance liée à l’utilisation du cabotégravir injectable dans le cadre de la PrEP: «Il doit être expliqué régulièrement aux sujets de respecter strictement le schéma posologique recommandé pour l’instauration par voie orale et pour les injections afin de réduire le risque d’infection par le VIH-1 et le développement potentiel d’une résistance.»

En effet, pour les patients respectant le calendrier d’injections, le risque de développement de résistances virales est réduit. Cependant, des cas de résistance ont été observés lorsque l’infection s’est produite dans les six mois suivant la dernière injection. Dans certains cas, les chercheurs ont également observé des primo-infections atypiques, décrites par le nouveau syndrome appelé syndrome de LEVI (pour Long Acting Viral Inhibition Syndrome)

Enfin, le prix auquel sera commercialisée cette solution innovante de prévention n’est pas encore déterminé. Cette décision ne devrait pas être prise avant l’année prochaine et reporte donc de plusieurs mois l’entrée en vigueur de cette approbation par la HAS. Il reste aussi à savoir si cette innovation lèvera, et à quel niveau, les barrières à la demande de PrEP par les populations exposées qui n’en bénéficient pas encore suffisamment. (Voir sur ce sujet l’article de Mélanie Plazy, PrEP : anneau vaginal mensuel ou pilule quotidienne pour les jeunes femmes africaines ?)