Pour les spécialistes et les personnes atteintes mobilisées, une chose est claire : «le quinquennat à venir sera décisif pour mettre fin à l’épidémie de VIH/sida». L’objectif fixé par le précédent gouvernement ne sera tenable que si le nouveau gouvernement prend rapidement les décisions qui s’imposent. «Aujourd’hui, explique la tribune, tous les outils pour mettre fin à l’épidémie existent. Contribuez, avec nous, à les faire connaître et adoptez les stratégies de prévention qui permettront de mettre fin à l’épidémie», avant de rappeler les 10 points déjà formulés dans l’Appel de Grenoble, en octobre dernier, lors du 22e congrès de la SFLS:
- Mettre «la santé au centre des politiques publiques».
- Adopter «une politique de protection sociale et d’emploi qui profite à toutes et à tous, tout au long de l’existence».
- Assurer «un accès universel à la santé et aux soins».
- Accueillir «dignement les personnes fuyant les persécutions ou la misère».
- Favoriser «l’équité territoriale et un environnement salubre».
- Assurer «l’éducation pour tous dès le plus jeune âge, y compris en matière de santé sexuelle et d’accès au numérique».
- Développer des «programmes de recherche multidisciplinaires incluant les populations concernées dès leur conception».
- Promouvoir «la santé en tant que bien public» et renforcer «la lutte contre le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. au niveau mondial».
- Travailler «avec et pour les populations concernées, y compris les plus pauvres et les plus discriminées».
- Défendre «les droits de chacun, refusez la discrimination et la stigmatisation».
Jusqu’à présent, pour la communauté VIH/sida, «l’ambition a […] été insuffisante. Ces cinq dernières années, elle est même trop souvent allée à l’encontre de l’objectif que nous partageons. L’exécutif a mis en place un durcissement des conditions d’arrivée et d’accueil des personnes migrantes. L’hôpital public a limité son accès aux plus démunis, en plus de n’avoir su préserver ses acteurs. La société civile a été exclue des prises de décision en santé, en particulier lors de la crise due au Covid-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. »
Toutes et tous rappellent pourtant que «l’épidémie de VIH/sida n’est pas finie. En France, on estime, selon les derniers chiffres disponibles, à cent soixante-douze mille les personnes vivant avec le VIH. Parmi elles, vingt-quatre mille l’ignorent. Un chiffre qui augmentera probablement après plus deux ans de crise sanitaire qui ont entraîné une baisse de 14% du recours au dépistage et qui ont représenté un frein dans l’implémentation de la PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. traitement préventif qui permet de se protéger du VIH».
Enfin, les signataires font appel au «pragmatisme» dont Emmanuel Macron se revendique: «écoutez-nous. Donnez du crédit aux personnes concernées, car qui peut se prétendre mieux placé qu’elles pour identifier leurs propres besoins?»
Espérons, pour la santé de toutes et tous, que cet appel ne reste pas lettre morte.
Les premiers et premières signataires de la tribune sont: Bertrand Audoin, vice-président de The International Association of Providers of AIDS Care (IAPAC), en charge des partenariats stratégiques ; Dominique Costagliola, membre de l’Académie des sciences, directrice de recherche émérite InsermInserm Institut national de la recherche médicale. ; François Dabis, président du Corevih Nouvelle-Aquitaine, professeur de santé publique à l’université de Bordeaux (Isped) et au CHU de Bordeaux ; Pr Constance Delaugerre, cheffe de service de virologie, hôpital Saint-Louis (AP-HP), Université Paris-Cité ; Olivier Epaulard, président du Corevih arc alpin, infectiologue au CHU Grenoble-Alpes ; Pr Christine Katlama, présidente de l’ Alliance francophone des acteurs de santé contre le VIH et les infections virales chroniques (Afravih) ; Karine Lacombe, professeur de médecine à Sorbonne-Université, cheffe du service de maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Antoine, AP-HPAP-HP Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Paris ; Guy Molinier, responsable action plaidoyer Act Up Sud-Ouest ; Pr Gilles Pialoux, rédacteur en chef de Vih.org et vice-président de la Société française de lutte contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. ; Pascal Pugliese, président de la Société française de lutte contre le sida (SFLS) ; Dr Carine Rolland, présidente de Médecins du monde ; Pr Emmanuel Rusch, président de la Société française de santé publique ; Camille Spire, présidente d’Aides ; Florence Thune, directrice de Sidaction et TRT-5 CHV, groupe interassociatif traitement et recherche thérapeutique. La liste complète des personnes signataires est disponible en ligne : https://docs.google.com/document/d/1BXBdVl-x6DwEy9XYLZNack5ZeUiYAjCkcs7E_0AeP_M/edit