Cette décision fait suite aux recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) datant de l’année dernière. La HAS s’était déclarée favorable à la vaccination des garçons de 11 à 14 ans et à la mise en place «d’un rattrapage possible pour tous les adolescents et jeunes adultes de 15 à 19 ans » le 16 décembre 2019. Quasiment un an après, l’arrêté est paru au Journal officiel le 4 décembre 2020.
La vaccination HPV est l’une des mesures des plus efficaces pour protéger des cancers du col de l’utérus. Jusqu’alors, elle était recommandée en France uniquement chez les jeunes filles de 11 à 14 ans révolus, les personnes immunodéprimées et les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes jusqu’à 26 ans. Rappelons que la vaccination HPV est plus efficace quand elle a lieu avant l’entrée dans la vie sexuelle. Toutefois, elle peut quand même conférer une protection contre certaines souches de virus quand elle est réalisée plus tard.
Associations, personnalités et sociétés savantes militaient depuis longtemps pour l’application de cette recommandation, par exemple à travers cet appel pour un dépistage et une vaccination universelle contre le papillomavirus de 2019. Une petite déception toutefois, le soutien financier institutionnel ne se traduit pour l’instant que par un remboursement de 65%.
Cette vaccination répond à un objectif important de prévention. On dépiste chaque année en France, près de 35000 lésions du col de l’utérus, dont 3000 nouveaux cas de cancer, causés par les HPV.
Une campagne mondiale
Plus de 80 pays ont adopté un programme de vaccination qui cible les jeunes filles entre 11 et 14 ans, mais aussi les jeunes garçons dans certains cas. En août 2020, l’Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution appelant à éliminer le cancer du col de l’utérus, et elle a présenté sa stratégie d’élimination pour y parvenir le 17 novembre dernier : atteindre d’ici 2030 une couverture vaccinale de 90 % dans tous les pays et une couverture de dépistage de 70%, entre autres.
L’Australie est l’un des pays pionniers dans la question de la vaccination HPV et estimait être sur le point de parvenir à l’élimination. Selon des projections du département de la Santé australien, le pays ne comptera aucun nouveau cas de cancer du col de l’utérus dans 20 ans, et 80% des Australiennes et 75% des Australiens de 15 ans sont désormais vaccinés. C’est le résultat de la campagne lancée en 2007 auprès des jeunes filles et en 2013 auprès des garçons. La proportion des femmes âgées de 18 à 24 ans infectées par l’une des deux principaux types du virus responsables de la maladie est passée de 23% à 1% entre 2005 et 2015.
En France, la couverture vaccinale est l’une des plus faibles d’Europe, et de loin, avec moins d’un quart des adolescentes vaccinées. L’objectif du plan cancer 2014-2019 d’atteindre une couverture vaccinale de 60% chez les jeunes filles de 11 à 14 ans est resté un vœu pieux, tandis que la méfiance envers la vaccination a été entretenue par certaines personnalités. Le chemin à parcourir reste long, même si la solution est à notre portée.