Le docteur Raphael Landovitz de l’Université de Californie à Los Angeles, et principal investigateur de l’étude HPTN 083, a confirmé que les injections de cabotegravir étaient bien supérieures, en termes de prévention du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. que les prises orales. (Voir notre article: Prep : Le cabotegravir en injection plus efficace que les comprimés, selon un essai.)
Les auteurs ont constaté 39 infections chez les participants utilisant des pilules, soit une incidence de 1,22% par an, et 13 infections chez les participants ayant utilisé des injections de cabotegravir, soit 0,41% d’incidence. Ce qui signifie qu’il y a eu 66% d’infections en moins dans le groupe bénéficiant des injections de cabotegravir (IC: 95%). L’analyse du Comité Indépendant (DSMB) avait précédemment annoncé un chiffre de 69%, mais ce chiffre a été revu à la baisse à cause d’une infection survenue dans le groupe cabotegravir.
Au total, 52 infections par le VIH ont donc été observées pour 6389 personnes par année pendant l’étude, soit une incidence de 0,81% par an, ou une infection par an pour 123 personnes.
Précisons que l’auteur ne parle pas ici de pourcentage d’efficacité absolue des méthodes de PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. (Les précédentes études ont montré une efficacité de la PrEP orale au moins supérieure à 86%.) Ce 66% indique que, dans le cadre de cette étude, le cabotegravir en injection est 66% plus efficace que la prise orale de Truvada®.
Observance et séroconversions
L’efficacité supérieure de l’injection serait due aux problèmes d’observance des personnes prenant des pilules, car, ça peut sembler évident, mais la PrEP ne fonctionne que si on la prend. La concentration des médicaments dans le sang des participants a donc été contrôlée – de manière aléatoire et non systématique pour le moment – dans le bras des personnes sous PrEP orale. Et si 75% d’entre eux avaient des concentrations suffisamment élevées pour indiquer une prise quotidienne, chez 13% des personnes testées, le médicament n’a pas pu être détecté, révélant des pauses ou des prises trop espacées. Sans prise régulière, ces personnes n’étaient pas protégées face au VIH.
Mais cette mauvaise observanceObservance L’observance thérapeutique correspond au strict respect des prescriptions et des recommandations formulées par le médecin prescripteur tout au long d’un traitement, essentiel dans le cas du traitement anti-vih. (On parle aussi d'adhésion ou d'adhérence.) ne peut pas expliquer ces 52 séroconversions, et en particulier les 13 survenues dans le bras sous cabotegravir. Dans ce groupe, cinq personnes ont été infectées après une longue interruption des injections, dont deux personnes qui n’ont pas commencé les injections et deux autres qui sont repassées sous PrEP orale après abandon du cabotegravir, à cause d’effets indésirables sur le site d’injection. Trois autres ont probablement été infectées pendant la phase initiale de PrEP orale, vraisemblablement à cause d’un défaut d’observance, bien que la concentration sanguine n’ait pas encore été mesurée pour le bras cabotegravir.
Il reste donc 5 infections pour le moment inexpliquées chez les participants sous PrEP injectable. L’une des hypothèses avancées est celle d’une résistance au cabotegravir. Là encore, il faudra attendre les analyses complémentaires pour permettre aux chercheurs de se prononcer définitivement sur la question.
Des effets indésirables non négligeables
De nombreuses personnes du groupe cabotegravir (81%) ont signalé des réactions au site d’injection, beaucoup plus que dans le bras placeboPlacebo Substance inerte, sans activité pharmacologique, ayant la même apparence que le produit auquel on souhaite le comparer. (NDR rien à voir avec le groupe de rock alternatif formé en 1994 à Londres par Brian Molko et Stefan Olsdal.) (31%). Cependant, ce nombre a chuté dans les deux groupes au fil du temps, pour atteindre respectivement 20-30% après la huitième injection (sur 20) et zéro dans le groupe placebo. Seules 2,2% des personnes ont souhaité interrompre les injections de cabotégravir à cause des effets indésirables.
Parmi les autres effets secondaires, un taux significativement plus élevé de diminution de la clairance de la créatinine chez les participants : chez 72% de ceux qui prenaient la PrEP orale, et chez 68,5% de ceux qui prenaient du cabotegravir.
Notons enfin que les participants sous cabotegravir ont vu leur poids augmenter plus que les participants sous PrEP orale (1,3 kg contre 0,3 kg sur deux ans), la différence étant plus marquée dans les 40 premières semaines.
Bibliographie
HPTN083 interim results: Pre-exposure prophylaxis (PrEP) containing long-acting injectable cabotegravir (CAB-LA) is safe and highly effective for cisgender men and transgender women who have sex with men (MSM,TGW), Raphael Landovitz, University of California, Los Angeles (UCLA), AIDS 2020.
Publication définitive
Cabotegravir for HIV Prevention in Cisgender Men and Transgender Women, Raphael J. Landovitz, M.D., Deborah Donnell, Ph.D., Meredith E. Clement, M.D., Brett Hanscom, Ph.D., Leslie Cottle, B.A., Lara Coelho, M.D., Robinson Cabello, M.D., for the HPTN 083 Study Team*Author Info & Affiliations, N Engl J Med 2021;385:595-608, August 11, 2021, DOI: 10.1056/NEJMoa2101016.