Les résultats préliminaires de HPTN 083, qui n’ont pas été encore publiés car il s’agit d’une analyse du Comité Indépendant (DSMB) et non des résultats définitifs, montrent que le cabotegravir injectable à longue durée d’action, administré tous les deux mois, est 69% plus efficace que les comprimés à base de ténofovir et d’emtricitabine (FTC/TDF) pris quotidiennement pour prévenir l’infection par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. Ces données ont été annoncées par le National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), qui fait partie des National Institutes of Health aux États-Unis, et par ViiV Healthcare.
L’essai HPTN 083
L’essai clinique HPTN 083 a été lancé il y a plus de trois ans dans sept pays, dont les États-Unis, le Brésil, la Thaïlande et l’Afrique du Sud, sur plus de 40 sites et auprès d’hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) et de femmes transgenres, deux populations très exposées au VIH. La plupart des personnes participantes, plus de 4.600, avait moins de 30 ans. La moitié d’entre elles a reçu une injection de cabotegravir tous les deux mois, ainsi que des comprimés placeboPlacebo Substance inerte, sans activité pharmacologique, ayant la même apparence que le produit auquel on souhaite le comparer. (NDR rien à voir avec le groupe de rock alternatif formé en 1994 à Londres par Brian Molko et Stefan Olsdal.) tandis que l’autre moitié recevait une injection placebo et des comprimés FTC/TDF utilisés en PrepPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. Tous les participants étaient donc sous Prep, grâce à une méthode ou une autre.
L’observance dans un protocole de Prep est fondamentale, pour que ce mode de prévention soit efficace et que les personnes soient protégées face au VIH. Mais ces prises quotidiennes ou selon le schéma, à la demande, peuvent parfois être considérées comme des obstacles à une adhérence réussie sur le long terme. C’est pour cela que l’injection longue durée est intéressante, si ces résultats sont confirmés: une injection égale deux mois de Prep.
Comprendre les infections survenues
Le chiffre d’efficacité mis en avant par les responsables de l’étude suite à la saisie du DSMB est basé sur le nombre d’infections survenues dans chaque bras: 50 participants ont été infectés par le VIH pendant l’essai, 12 dans le groupe cabotegravir, et 38 dans le groupe FTC/TDF. Cela représente une incidence de 0,38% dans le bras cabotegravir contre 1,21% dans le bras FTC/TDF, soit une différence de 69% dans les taux de nouvelles infections.
Ces chiffres sont relativement élevés et c’est assez surprenant, compte tenu de ce que l’on sait de la très haute efficacité du FTC/TDF en Prep grâce aux essais Ipergay et Proud. Ces derniers montraient une réduction du risque de transmission de 86%. L’incidence était plus basse encore dans l’essai ANRS PREVENIR, avec 0.09/100 PY (95% CI: 0.01-0.33), soit 2 cas. Il faudra disposer des chiffres complets, sans doute à la conférence virtuelle de San Francisco en juillet prochain, notamment en termes d’observance.
Il est probable que ces infections aient eu lieu au tout début de l’étude, au moment ou avant la mise sous Prep. Dans le bras «Prep classique», l’observance a été être mesurée et elle devrait nous renseigner sur la cause des infections. Idem, pour les 12 personnes également été infectées dans le bras cabotegravir, dont les participants étaient aussi sous Prep orale, comme l’exigeait le design de l’étude, dans les 5 premières semaine.
Une étude touchée par la crise du CovidCovid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. 19
Selon Raphael Landovitz de l’Université de Californie à Los Angeles, président du protocole de l’étude cité dans Science, la crise sanitaire du COVID-19Covid-19 Une maladie à coronavirus, parfois désignée covid (d'après l'acronyme anglais de coronavirus disease) est une maladie causée par un coronavirus (CoV). L'expression peut faire référence aux maladies suivantes : le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) causé par le virus SARS-CoV, le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) causé par le virus MERS-CoV, la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19) causée par le virus SARS-CoV-2. a forcé 11 sites de l’étude à fermer. Dans plusieurs autres, les participants ont eu des difficultés à se rendre aux rendez-vous programmés. Les responsables de l’essai ont donc informé le comité indépendant de surveillance des données et de la sécurité de l’étude (DSMB) de ce problème au début du mois d’avril et sur demande de ce dernier, le critère d’évaluation de l’essai a été modifié pour s’assurer que l’étude dispose «de données non perturbées». Au lieu d’évaluer la supériorité de l’injection de cabotegravir face aux cachets, c’est sa «non-infériorité» qui a été étudiée.
Des effets indésirables notables mais peu d’arrêts
La Prep, à base de Truvada® et ses génériques, telle que nous la connaissons maintenant depuis 2016 en France, propose déjà une efficacité proche des 100% quand elle est prise régulièrement, tous les jours ou à la demande. Suite à ces résultats, les responsables ont mis prématurément fin à l’essai clinique en aveugle, afin que tous les participants puissent bénéficier de la méthode la plus efficace de prévention, l’injection.
Notons que la plupart des participants dans le groupe cabotegravir (80%) ont signalé une douleur ou une sensibilité au point d’injection musculaire, contre seulement 31% dans le groupe FTC/TDF, qui a reçu des injections placebo. Deux pour cent (2%) des participants ont arrêté l’essai à cause de réactions sévères ou d’une intolérance au site d’injection.