Résultats à 96 semaines des essais Gemini : efficacité durable de la bithérapie dolutégravir/lamivudine chez des patients naïfs de traitement antiviral.
Pedro Cahn, Fundación Huésped, Argentina
On manquait jusqu’à maintenant cruellement de données long terme concernant la bithérapie qui est probablement la plus utilisée en France actuellement : dolutégravir/lamivudine (DTG/3TC). Les données arrivent… L’essai Gemini recrutait des patients naïfs de traitement, et comparait un bras DTG/3TC et un bras dolutégravir/ténofovir/emtricitabine (DTG/TDF/FTC) : 1430 patients ont été inclus, 20% avaient une charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. (CV) supérieure à 100000 copies par mL et 10% des CD4 inférieurs à 200/mm3.
A S96, l’efficacité est strictement équivalente entre les deux bras, et il n’y a aucune émergence de résistance.
Il y a un peu moins d’effets secondaires lié au traitement dans le bras bithérapie (20% versus 25% tout confondu). La prise de poids moyenne est de 3.1 kg dans le bras bithérapie et 2.1 kg dans le bras trithérapie.
En pratique, la bithérapie paraît équivalente à la trithérapie en terme d’efficacité, avec un peu moins d’effet secondaire.
Note du rédacteur: Bien qu’il ne se soit pas beaucoup attardé sur la question, l’effectif des personnes ayant moins de 200 CD4 étant faible, la bithérapie paraît moins efficace dans ce groupe, avec moins de 68% de CV indétectable dans le groupe bithérapie en snapshot versus 87% dans le groupe trithérapie. Il paraît assez raisonnable d’éviter cette bithérapie chez les patients naïfs les plus extrêmes ; à noter que nous n’avons pas non plus vraiment de données pour les femmes, chaque bras contenant seulement 100 femmes.
Passer à une bithérapie en un comprimé par jour de dolutégravirDolutégravir Le dolutégravir, nom de marque de Tivicay® et présent dans Juluca® et Triumeq®, appartient à la une classe de médicaments antirétroviraux appelés inhibiteurs de l'intégrase. Il est utilisé en combinaison avec d'autres médicaments anti-VIH. et 3TC n’est pas inférieur à la poursuite d’un traitement à base de TAF pour maintenir la CV indétectable à 24 semaines (essai Tango)
Jean van Wyk, ViiV Healthcare, United Kingdom
L’essai Tango compare le passage à un comprimé unique de bithérapie DTG/3TC comparé à la poursuite d’une tri ou quadrithérapie contenant du ténofovir alafénamide (TAF). L’étude doit se poursuivre, avec un passage à la bithérapie pour tous les patients en succès virologique à partir de la 148ème semaine.
Un peu plus de 700 patients ont été randomisés (1:1), en sachant que ne sont pas incluables les patients aux ATCD de résistance au DFTG ou 3TC, ou porteurs d’une hépatite B chronique.
L’âge médian à l’inclusion est de 40 ans, essentiellement des hommes blancs, 90% ont des CD4>350/mm3. Les patients recevaient avant inclusion, associé au TAF-FTC, du DRV/r, de la rilpivirine ou de l’elvitegravir boosté (9% étaient déjà sous DTG avec le TAF).
Les résultats sont strictement superposables à S48, démontrant la non-infériorité (93.2% vers 93% de CV <50 à S48).
Très peu d’effets secondaires (insomnie 1% dans le bras DTG contre 0 dans les bras TAF). La fonction rénale mesurée par la cystatine C ne montre pas de différence (on ne peut utiliser la créatinine qui monte artificiellement sous DTG). Dans le bras DTG, 4 patients qui avaient une mutation M184V dans l’ADN proviral à l’inclusion n’ont aucun blip et une CV indétectable à S48.
En pratique, on peut donc dire que l’allégement thérapeutique proposé est efficace à 24 semaines et permet notamment de se passer de booster.