Ces données nous parviennent grâce à différents systèmes de surveillance auxquels participent biologistes et cliniciens, de façon obligatoire ou volontaire, et sur des enquêtes menées auprès de populations spécifiques.
Le dépistage régulier des ISTIST Infections sexuellement transmissibles. couplé à celui du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. est indispensable dans le cadre d’une approche globale de santé sexuelle. La surveillance de la fréquence, de la morbidité et les risques de complications liés au IST, ainsi que de l’apparition de résistances éventuelles aux traitements, permet d’oeuvrer à l’interruption de la transmission des IST.
Ces chiffres ont été présentés en même temps que les chiffres de découvertes du VIH de 2016. Notons que le niveau de co-infections par le VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) diagnostiqués pour une LGV (76% en 2016), une syphilis(36%) ou une gonococcie (19%) reste élevé. Ce qui suggére une non-utilisation du préservatif chez les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. séropositifs, une non-utilisation confirmée par les études comportementales depuis plusieurs années.
Gonococcies
En 2016, le nombre d’infections à gonocoque continue d’augmenter. Chez les HSH, cette progression est particulièrement marquée, avec +127% entre 2014 et 2016. Les HSH représentent d’ailleurs près de 70% des infections à gonocoque rapportées par les cliniciens en 2016. Chez les hétérosexuels, la hausse est de +29% sur la même période. L’augmentation est observée partout en métropole.
Les données de surveillance de la sensibilité du gonocoque aux antibiotiques sont plus rassurantes en revanche, puisqu’aucune souche résistante au traitement de référence (ceftriaxone) n’a été isolée depuis 2011.
Syphilis
Le nombre de syphilis récentes — des contaminations datant de moins de 1 an— se stabilise, y compris chez les HSH qui représente 81% des cas. Santé publique France reste néanmoins prudente : cette stabilisation du nombre de cas devra néanmoins être confirmée avec les données de l’année prochaine et avec les estimations d’incidence issues des données de remboursement de l’assurance maladie (Sniiram). On observe également une augmentation du taux de dépistage.
L’incidence de la syphilis diagnostiquée en ville est estimée à environ 3 500 cas en 2013 (ce chiffre sera réactualisé en 2017).
Chlamydioses
En 2016, c’est la première fois depuis les années 2000 qu’on ne constate pas d’augmentation du nombre d’infection à Chlamydia. Cette baisse devra être confirmée dans les années qui viennent. Les femmes restent deux fois plus touchées.
A noter, chez les patients dépistés chez un omnipraticien libéral, 80% présentaient des signes cliniques. Une proportion inverse de celle des patients dépistés en CeGIDDCeGIDD Centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD) des infections par les virus de l'immunodéficience humaine, des hépatites virales et des infections sexuellement transmissibles. Ces centres remplacent les Centres de dépistage anonyme et gratuit (CDAG) depuis le 1er janvier 2016. qui sont asymptomatiques à 80%.
LGV
La Lymphogranulomatose vénérienne (LGV) ou maladie de Nicolas-Favre est apparu en Europe en 2003. Le nombre d’infection rectale à Chlamydia est toujours en augmentation. Ces cas concernent à plus de 90% des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), à plus de 92%, relativement âgés (41 ans de moyenne pour la LGV et vivant avec le VIH.
Rappelons que l’infection rectale à Chlamydia est due à une bactérie, Chlamydia Trachomatis, dont les 15 sérotypes se classent en 3 groupes en fonction du type d’infection : infection oculaire —trachome— (sérotypes A, B, Ba et C), infection anogénitale (sérotypes D à K) et LGV (sérotype L : L1, L2 et L3). Au contraire des sérotypes A à K, lesquels causent des infections de la muqueuse en infectant les cellules épithéliales cylindriques, les sérotypes L1, L2 et L3 infectent les monocytes et macrophages, avant d’envahir les sites sous-muqueux et les ganglions lymphatiques régionaux.
Parallèlement, le nombres d’infections uro-génitales à C. trachomatis se stabilisent en 2016. Les deux tiers (66%) des cas rapportés concernent des femmes, en majorité âgées de 15 à 24 ans, ce qui reflète en partie l’application des recommandations du dépistage systématique dans cette population dans les centres dédiés (CeGIDD et CPEF).
HPV
La prévention du cancer du col de l’utérus repose sur la vaccination contre les infections à Papillomavirus humains (HPV) et sur le dépistage par frottis identifiant les lésions précancéreuses induites par les HPV. En France, près de 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus sont diagnostiqués chaque année et environ 1 000 femmes en décèdent. Les HPV se transmettent très fréquemment lors des contacts sexuels et environ 8 femmes sur 10 sont exposées à ces virus au cours de leur vie. Dans 60% des cas, l’infection a lieu au début de la vie sexuelle.
Les recommandations actuelles préconisent que les jeunes femmes de 11 à 14 ans, ainsi qu’en rattrapage entre 15-19 ans, soient vaccinées. Les HSH âgés de moins de 26 ans et les personnes immunodéprimées peuvent aussi bénéficier des effets protecteur du vaccin.
Malheureusement, la couverture vaccinale en France reste insuffisante et est d’ailleurs en baisse au niveau nationale: En 2015, seul 24,4% des jeunes femmes de 15 ans avait reçu au moins une des doses du vaccin et seul 19,1% des jeunes femmes de 16 ans avait bénéficié des 3 doses. Dans le sud du pays, la couverture est même de moins de 10%.
Hépatites
Hépatite B
On compte moins de 100 cas d’hépatite B par an en France chaque année depuis 2010. Mais plus dans plus de la moitié des cas (57%), la transmission a eu lieu par voie sexuelle, un facteur de risque élevé qui se maintient depuis 2010. Dans ce cas , le multipartenariat et le fait d’être un homme qui a des rapports avec d’autres homme sont des facteurs de risques.
Hépatite A
La France connaît un épisode épidémique d’hépatite A depuis le début de l’année, en particulier chez les HSH. Entre octobre 2010 et janvier 2017, plusieurs alertes en provenance des Pays-Bas, du Royaume Uni et d’Allemagne ont signalé la survenue de cas d’hépatite A. Ces virus appartenaient à 3 souches distinctes, inconnues avant cet épisodes, et ces cas concernaient en majorité des hommes.
En France, la dernière alerte épidémique datait de 2009, elle avait alors concerné les gens du voyage. Depuis, le nombre de cas était en baisse et s’était stabilisé en 2015.
Ce risque épidémique s’est confirmé quand, en janvier 2017 à Rouen, 7 déclarations obligatoires de cas d’hépatite A ont été effectuées, dont 5 concernait des HSH (même souche qu’au Royaume Uni). De janvier à mai 2017, c’est 745 cas qui avaient été dénombrés. L’évolution du sexe ratio des personnes concernées permet de suggérer que ces cas concernent effectivement plus souvent des HSH.
Santé publique France a alors réagit, par le biais de campagne ciblée en direction des HSH, avec pour but de faire une communication efficace avant l’été, période de risque pour les IST, et d’appeler les HSH à se faire vacciner contre l’hépatite A.
L’information, via le site sexosafe.fr, Facebook (la vidéo ci-dessus) et les applications de rencontre, a, selon Santé publique France, permis de limiter le nombres de contaminations. A la fin du mois d’octobre, le nombre de personnes infectées était en diminution. Trois mille personnes ont été touchées pendant l’année 2017.