L’enjeu autour de la charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. est de travailler sur le 3e «90» des objectifs de l’Onusida, et «les virologues s’y attèlent», affirme Christine Rouzioux. A travers OPPera, les équipes ont deux objectifs : un impact de santé publique, en renforçant l’accès au test de charge virale VIH et au diagnostic précoce dans les pays cibles ainsi qu’un impact sur le marché, en visant l’ouverture du marché du test de la charge virale à la concurrence (avec l’accès à de nouveaux fournisseurs de réactifs et à de nouvelles technologies). Christine Rouzioux insiste : «Les besoins sont énormes. On compte 15 millions de personnes sous traitement, mais nous ne sommes pas prêts pour 15 millions de mesures de charges virales.»
Le programme OPPera est un programme OPP (Open Polyvalent Platforms, des plateformes polyvalentes ouvertes), qui donne l’opportunité d’utiliser de nouvelles machines plus petites, simples, peu mécanisées et faciles d’utilisation, pour une maintenance simplifiée. Dix laboratoires ont été implantés dans 4 pays – le Burundi, le Cameroun, la Côte d’Ivoire et la Guinée, dont certains n’avaient quasiment jamais eu accès auparavant à la biologie moléculaire. Le programme implique un consortium composé d’Expertise France, pour la coordination opérationnelle, Sidaction et Solthis respectivement pour le Burundi et la Guinée, et de Unitaid pour une partie du financement. L’ANRS est chargée de la responsabilité scientifique.
Plus de 44 000 charges virales réalisées
Nous disposons des premiers résultats d’OPPera, actuellement en fin de phase 1: les laboratoires construits sont devenus rapidement fonctionnels et plus de 240 cliniciens et techniciens ont été formés. Tous produisent désormais des résultats de qualité — L’analyse de 18 mois des indicateurs de qualité ne montre que très peu d’écarts à la valeur attendue lors du suivi—, y compris ceux qui n’avaient jamais fait de biologie moléculaire. Peu de problèmes de maintenance ont été rencontré.
En tout, plus de 44 000 charges virales ont été réalisées depuis août 2014. Le programme OPPera est un des seuls programmes a avoir réalisé autant de tests.
L’analyse de 22 000 fiches de patients analysées montre une proportion importante de patients en succès virologique lors du 1er test de charge virale, et constante sur l’ensemble des centres. Ainsi, le centre ANFS au Burundi avance une charge virale contrôlée pour 86% des patients. Un autre succès est la démonstration des réductions de coût potentielles : un coût moyen de 16$ est possible, soit une réduction de 47 à 68% par rapport aux autres plateformes.
Encore peu de prescriptions
Un constat cependant : si l’offre s’est montré convaincante, le travail sur la demande reste à construire. L’approvisionnement des laboratoires en échantillons s’est révélé insuffisant, à cause de faibles prescriptions de test de charge virale par les cliniciens. L’analyse des obstacles à la prescription soulèvent une adaptation progressive, mais parfois trop difficile des cliniciens au changement de contexte général durant la période récente: Les objectifs 90x90x90 de l’Onusida incluent l’indétectabilité. D’outil pour détecter les échecs de traitement, la charge virale est devenue un marqueur du succès virologique. Enfin, dans certains contextes, les patients asymptomatiques ne voient que les pharmaciens et les infirmières, pas les médecins qui auraient pu prescrire une charge virale.
Pour la phase 2, les équipes comptent poursuivre l’ouverture du marché en testant de nouveaux réactifs VIH-1 (Anatolia, Genome, etc.) et prouver la polyvalence des OPP, en utilisant entre autre des réactifs inférieur à 10$ pour le diagnostic de la tuberculose. Enfin, le développement d’un «toolkit» est absolument nécessaire pour que les autorités sanitaires puissent prendre le relais à la fin du programme.
(Plateformes ouvertes et charges virales : le programme OPPera, Pr. Christine Rouzioux, Hôpital Necker, Université Paris Descartes, ML12.2)
La lettre de l’Infectiologue et Vih.org s’associent pour couvrir l’AFRAVIH 2016.