L’occasion d’évoquer les extraordinaires réussites de ces dernières années mais aussi les défis qui restent à relever par la communauté scientifiques, mais aussi par les gouvernements des pays concernés.
Il y a trente ans, le 20 mai 1983, la revue américaine Science ouvrait ses colonnes aux résultats d’une recherche menée par des chercheurs français sous la direction du professeur Luc Montagnier. Les scientifiques révèlent l’existence d’un nouveau virus, différent de ceux jusqu’ici soupçonnés d’être à l’origine du syndrome d’immunodéficience acquise (sida) ; un virus mortel, confirmera l’année suivante une équipe américaine. Pour ces recherches, le professeur Luc Montagnier et Françoise Barré Sinoussi obtiendront le Prix Nobel de médecine en 2008. Treize ans plus tard, en 1996, après des recherches poussées, les trithérapies, traitements combinés, voient le jour, offrant aux personnes séropositives diagnostiquées assez tôt une espérance de vie plus longue. Mais pour l’instant, aucun vaccin n’a été trouvé.
> Trente ans après la découverte du virus du sida, les scientifiques préparent l’avenir, France Info.
Le 20 mai 2013 marque les 30 ans de la découverte du virus du sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. L’épidémie a tué 25 millions de personnes. Désormais, près de la moitié des personnes nécessitant une trithérapie en bénéficient, ce qui aligne l’espérance de vie des malades sur celle des non-infectés. Il reste pourtant beaucoup à faire. Fred Bladou, infecté par le virus en 1986, revient sur les années sida.
> Témoignage d’un malade sur les années sida, 30 ans après, AFP sur 20minutes.fr.
> François Barrée-Sinoussi : «Dans la réalité, on est très loin de la fin», Europe 1.
Que retenez-vous des trois décennies écoulées?
Cette histoire est le plus bel exemple de ce que l’on appelle la recherche translationnelle : toute la recherche est là pour aboutir à des outils applicables au diagnostic, au traitement et à la prévention pour les personnes affectées par la maladie. Cet esprit a été présent depuis le début avec le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. Nous avons été confrontés à une période dramatique où les personnes infectées tombaient comme des mouches. D’habitude, les chercheurs en laboratoire, comme moi, ne sont pas en contact avec les malades. Là, des liens et des histoires se sont noués. Cela nous a fait nous remettre en question. Le contact permanent avec les représentants des patients et la société civile a fait évoluer les priorités des programmes de recherche. Je ne pourrais plus me passer de ce contact aujourd’hui.
Le milieu des scientifiques travaillant sur le VIH et la Société internationale sur le sida (IAS), que vous présidez, a toujours eu un ton très militant…
Quand on est scientifique et que l’on essaye de donner le maximum le plus vite possible pour que les outils de prévention, de diagnostic et de traitement soient accessibles partout et que l’on voit que cela n’est pas le cas, c’est insupportable. Cela rend agressif et cela ne s’atténue pas avec le temps… Mais notre voix, jointe à celle des militants associatifs, a porté davantage.
>« Il faut bousculer les dogmes pour trouver un vaccin contre le sida », Françoise Barré-Sinoussi, Le Monde.
> Bill Clinton : «Jusqu’à ce qu’on ait les moyens d’un vaccin ou d’un traitement, il faut essayer de traiter 100% des malades», Europe 1.
Pour « éradiquer » un jour le virus du sida, les chercheurs réunis à Paris pour les 30 ans de la découverte du VIH pensent que la réponse thérapeutique ne sera pas unique, mais passera par une « combinaison de traitements ». La clef pour se débarrasser d’un virus qui tue chaque année 1,8 million d’individus et permettre aux 34 millions d’infectés d’être un jour guéris ou en « rémission » définitive, sera un cocktail de solutions, affirme Françoise Barré-Sinoussi qui a obtenu en 1988 avec Luc Montagnier, le Nobel de médecine pour la découverte du VIH en 1983. « La communauté scientifique internationale est généralement d’accord pour penser que ce ne sera pas un traitement unique mais une combinaison de molécules ou de traitements et vaccins qui permettront cette rémission à l’arrêt du traitement » a expliqué la virologue de l’Institut Pasteur à l’occasion d’un symposium international.
> La lutte anti-sida de demain: pas de baguette magique mais un cocktail, AFP sur TV5 Monde.
Réunis à Paris à l’occasion du colloque international « 30 ans de science du VIH : imagine le futur », les plus grands noms de la recherche sur le sida vont tenter de faire l’inventaire des défis en cours, mais aussi à venir : traitement, vaccins, ou encore compréhension des cas de rémission. Mais, tous ces grands noms de la recherche se montrent plutôt optimistes quant à l’avenir. Ils évoquent même ouvertement l’idée d’une éradication future de la maladie.
> Sida : les chercheurs évoquent l’éradication future de la maladie, Enviro2b.
Il a aussi révolutionné les essais thérapeutiques…
Oui. Dès que les premiers traitements ont été disponibles, j’ai créé les ATUATU Autorisation Temporaire d’Utilisation. Autorisation permettant aux malades d’avoir un accès précoce aux médicaments, avant ou hors AMM. Procédures souvent utilisée dans l'histoire du sida. (autorisations temporaires d’utilisation) pour permettre aux malades gravement atteints d’entrer dans les essais thérapeutiques. Une loi est passée depuis pour légaliser ce type de dérogation. Mais avant de traiter les patients, il fallait les identifier. Pour éviter que les personnes à risque aillent donner leur sang et bénéficier ainsi d’un test sans rien payer, j’ai dû faire voter une nouvelle loi permettant d’ouvrir des centres de dépistage anonyme et gratuit.
> Michèle Barzach : «La lutte contre le sida est aussi politique», Le Point.
A côté des « contrôleurs naturels », personnes très rares (moins de 1%) qui peuvent contenir le virus (vih) sans jamais avoir pris le moindre traitement, les cas de contrôleurs adultes (étude française Visconti), traités très précocement, qui peuvent se passer d’antirétroviraux, pour certains jusqu’à dix ans après avoir cessé de les prendre, et celui apparemment similaire d’un bébé du Mississipi, traitée moins de trente heure après sa naissance, offrent des pistes et des lueurs d’espoir. Réduire les sanctuaires du virus dans le corps et doper les défenses immunitaires, pour augmenter le nombre de ces contrôleurs, font partie des objectifs.
> Sida : après 30 ans de recherche, « l’espoir chevillé au corps », AFP.
Quels sont vos espoirs les plus tangibles pour les années à venir: un traitement curatif, un vaccin efficace, des médicaments moins chers et accessibles enfin à tous?
Parmi les progrès à réaliser, il y a le sempiternel vaccin dont personne ne peut prédire quoi que ce soit à ce jour. Même si on voit régulièrement dans la presse les espoirs devant telle ou telle donnée qui finalement ne se confirme pas, il faut être réaliste, il n’y a rien même s’il y a beaucoup de recherche qui reste légitime. Là où les progrès sont extrêmement lents, ou peu satisfaisants, c’est la réaction de la société civile et des politiques face aux défis sociaux posés par cette épidémie, en France dans les pays développés et a fortiori dans les pays en développement. C’est là qu’on ne va pas assez vite. La science est allée très vite, mais les sociétés n’ont pas répondu de manière adaptée.
> 30 ans de recherche sur le sida: « jamais on n’a été aussi vite » dit Willy Rozenbaum, AFP sur Yahoo! Actualités.
AUDIO – Ce lundi marque le 30e anniversaire de l’identification du virus du sida par une équipe de chercheurs français. Le Pr Christine Rouzioux, qui a participé aux recherches, revient sur les dates clés de la lutte contre ce fléau.
> Trente ans de progrès dans la lutte contre le sida, Le Figaro.