Revue de web — Trente ans de sida

Il y a 30 ans, deux ans avant l’identification du VIH, les premiers cas de malades du sida étaient signalés. En 2011, environ 34 millions de personnes vivent avec le VIH. Et de 25 à 33 millions en sont déjà mortes, malgré les énormes progrès réalisés.

Le 5 juin 1981, le Center for Disease Control d’Atlanta publiait son bulletin épidémiologique Mortality et Morbidity Weekly Report qui faisait état de cinq cas de pneumonie rare chez des homosexuels américains, fortement immunodéprimés. L’Onusida, le Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida, publie ce mois-ci un rapport consacré à ce triste anniversaire : Le sida 30 ans après : un tournant pour les nations.

Dans un communiqué de presse, intitulé La riposte mondiale au sida continue de progresser : un nombre record de personnes ont accès au traitement et le taux d’incidence du VIH a diminué de près de 25 %, Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida, a déclaré :

«L’accès au traitement va transformer la riposte au sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. dans les dix prochaines années. Nous devons investir pour accélérer l’accès au traitement du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. et découvrir de nouvelles thérapies. Le traitement antirétroviral recèle plus que jamais le potentiel pour changer la donne – il empêche non seulement les gens de mourir, mais il stoppe aussi les nouvelles infections à VIH chez les hommes, les femmes et les enfants.»

Un million quatre cent mille personnes, le chiffre le plus élevé jamais enregistré sur une année, ont été mises sous antirétroviraux en 2010. Le site IrinNews fait le point des chiffres les plus importants de l’épidémie de VIH, trente ans plus tard.

Dans un communiqué commun, L’Unicef, l’Onusida, l’Unesco, l’UNFPA, l’OIT et l’Organisation mondiale de la santé rappellent que «2500 jeunes sont infectés chaque jour par le VIH, selon le rapport Tirer parti de la crise». Cinq millions de personnes âgées de 15 à 24 ans sont actuellement porteuses du virus du sida, un chiffre en baisse de 12% par rapport à 2001. Près des deux tiers des personnes atteintes vivent en Afrique, comme le souligne Slate Afrique, dans son article Lutte contre le sida : un espoir en Afrique.

Jean-François Delfraissy, directeur de l’Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales (ANRS), a répondu aux questions de RFI et rappelle qu’«on a avancé sur la connaissance du virus (…) sur les médicaments mais sur l’image même du VIH, on n’a pas avancé… Il y a toujours autant de réactions de rejet».

Témoignages

Sur Yagg.com, Christophe Martet revient sur son expérience personnelle au fil de ces trentes dernières années. Son article Sida: ce que je retiens des trente premières années de l’épidémie dresse une liste forcément partiale des moments importants du militant, du séropositif et du journaliste.

Autre témoignage, celui de Michel Kazatchkine, aujourd’hui directeur du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, qui relate, sur son blog (première partie et seconde partie), les débuts de son implication dans la prise en charge des personnes atteintes par le VIH :

«Le premier contact avec la maladie dont je me souviens bien ne survient que deux ans plus tard quand un français et son épouse sont rapatriés d’Afrique Centrale et restent hospitalisés jusqu’à leurs morts avec un déficit immunitaire sévère compliqué d’infections.»

Sur Séronet, Renaud Persiaux se tourne aussi vers l’avenir et évoque avec le professeur Françoise Barré-Sinoussi, prix Nobel de médecine 2008 et co-découvreuse du VIH, le groupe mis en place par l’International Aids Society (IAS) pour faciliter les recherches d’un traitement curatif contre le VIH: Coup d’accélérateur aux recherches d’un traitement curatif contre le VIH : Françoise Barré-Sinoussi explique.

Le nerf de la guerre

Les ressources, évidemment, restent le grand problème de l’organisation de la riposte à l’épidémie de sida, alors que les engagements internationaux ont, au mieux, tendance à stagner. L’Onusida estime à 22 milliards de dollars au moins les investissements nécessaires en 2015, soit 6 milliards de plus que le montant disponible aujourd’hui. Pour des résultats pourtant inestimables:

«Le retour sur investissement d’un tel engagement devrait être de 12 millions de nouvelles infections à VIH évitées et de 7,4 millions de décès liés au sida évités d’ici à 2020. Le nombre de nouvelles infections devrait reculer d’environ 2,5 millions en 2009 à environ 1 million en 2015.»

L’éditorial du Monde daté du 4 juin, Sida : maintenir l’indispensable effort financier, souligne enfin que, «dans un monde qui compte aujourd’hui plus de 34 millions de séropositifs, la prévention de la propagation de l’épidémie devient réalisable» et qu’«une réunion est prévue à l’ONU du 8 au 10 juin : les Etats devront prendre leurs responsabilités».

Et aussi

> A Paris, la prochaine RéPI d’Act Up-Paris, le 22 juin 2011, est consacrée aux 30 ans d’épidémie.
> La revue Transversal, de l’association Sidaction, consacre un numéro téléchargeable en PDF à 30 ans de lutte.
> Sida info service nous signale avec raison l’excellente chronologie de l’épidémie, de 1980 à 2010, réalisée par Sidaction, dans leur guide VIH, sida, comment en parler? (PDF, 2,6Mo), pp. 38-41
> Têtu reprend depuis le site de l’INA un reportage de 1983 d’Antenne 2 sur la panique provoquée par ce qu’on appelait encore «cancer gay».
> Sur le site du Figaro, un planisphère permet de voir l’évolution de l’épididémie de sida entre 1991 et 2009.