Les données des réseaux de surveillance Rénago (Réseau national des gonocoques constitué par les laboratoires volontaires), RésIST (Réseau de cliniciens volontaires exerçant dans les CIDDIST) et du réseau Sentinelles des médecins généralistes montrent une augmentation annuelle du nombre d’infections à gonocoque en France depuis 1996. Le nombre d’hommes infectés par un gonocoque a été estimé entre 15 000 et 20 000 en 2008. Chez les femmes, par contre, l’infection est difficilement quantifiable et probablement très sous-estimée en raison de son caractère le plus souvent asymptomatique (50 % des cas).
Devant cette constatation, dans un contexte général de recrudescence des infections sexuellement transmissibles et de progression des comportement à risque, la HAS, à la demande de la Direction générale de la Santé, a entrepris un travail dont les résultats viennent d’être publiés. Ses objectifs étaient:
- D’établir un état des lieux des données disponibles ou non sur l’infection à Neisseria gonorrhoeae: histoire naturelle de la maladie, épidémiologie, identification et traitement;
- D’identifier l’ensemble des problèmes posés par la prise en charge diagnostique et thérapeutique et de s’interroger sur les évolutions souhaitables;
- De conduire une réflexion sur la pertinence du dépistage.
Propositions
Ce rapport est un rapport d’orientation, c’est-à-dire qu’il n’établit pas des recommandations mais permet de définir des propositions. En ce qui concerne les stratégies de dépistage à mettre en oeuvre en France, deux scénarios complémentaires sont envisagés :
1/ Un dépistage ciblé dans des sous-groupes de population présentant des facteurs de risque :
- Les personnes dépistées ou diagnostiquées pour une autre IST;
- Les personnes ayant des antécédents d’IST, dont le gonocoque;
- Les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH);
- Les personnes vivant avec le VIH;
- Les hommes et les femmes ayant des comportements sexuels à risque.
Ce type de dépistage ciblé sur les personnes concerne tous les professionnels de santé et les structures de soins.
2/ Un dépistage de l’ensemble des personnes ayant recours aux soins dans les CDAG-CIDDIST, les centres de planificiation et d’éducation familiale, les centres d’orthogénie et de santé sexuelle. Cette stratégie correspond à un dépistage ciblé sur des environnements et des structures.
Dans tous les cas, les techniques d’amplification des acides nucléiques (TAAN) semblent les plus adaptées au dépistage. La HAS propose de privilégier l’utilisation des tests multiples Neisseria gonorrhoeae / Chlamydiae trachomatis, compte tenu de la fréquence des co-infections.
> Dépistage et prise en charge de l’infection à Neisseria gonorrhoeae: état des lieux et propositions, rapport d’orientation (pdf, 1Mo) / HAS (Haute Autorité de Santé), France. – Décembre 2010. – 143 p.
> Dépistage et prise en charge de l’infection à Neisseria gonorrhoeae: état des lieux et propositions, synthèse (pdf, 184Ko) / HAS (Haute Autorité de Santé), France. – Décembre 2010. – 26 p.