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Michel Kazatchkine lors de l’ouverture de Aids Vaccine 2009
Cette conférence a lieu quelques semaines après l’annonce des résultats jugés encourageant de l’étude thaïlandaise RV144, bien que des voix se soit élevées pour critiquer une trop grande mise en avant des résultats issus du troisième grand essai vaccinal de Phase III. Notons par ailleurs que le magazine l’Express a su profiter de cet effet d’annonce pour la promotion d’un ouvrage à venir signé avec l’un des co-découvreurs du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. non nobelisé…
Prudence
Très prudents, les organisateurs ont pesé leurs mots quand ils ont mentionné les résultats de l’essai RV144. Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS et président de la conférence, a clairement précisé que nous ne disposions pas encore d’un vaccin contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. et que «ces résultats sont modestes». Il a également appelé l’Europe à s’impliquer plus activement dans la recherche vaccinale, que ce soit en soutenant financièrement la recherche ou en favorisant les collaborations entre les partenaires académiques et l’industrie pharmaceutique.
Alan Bernstein, directeur exécutif de l’Entreprise mondiale pour un vaccin contre le sida, a également insisté sur l’importance de la recherche vaccinale à l’heure actuelle. «C’est au moment où des découvertes et des progrès importants que les financements, à cause de la crise et à cause de décisions politiques, diminuent», a-t-il déploré.
Michel Sidibé, directeur de l’Onusida, reconnaît de son côté que l’annonce des résultats thaïlandais a donné «une impulsion immense» à «la riposte au sida». Il appelle désormais à un mouvement mondial pour la prévention, à l’instar de la mobilisation autour de l’accès aux traitements. Inutile de préciser que si l’arsenal préventif s’élargit, notamment avec l’augmentation du dépistage, un débat sur l’accès plus élargi aux ARV et le TaspTasp «Treatement as Prevention», le traitement comme prévention. La base du Tasp a été établie en 2000 avec la publication de l’étude Quinn dans le New England Journal of Medicine, portant sur une cohorte de couples hétérosexuels sérodifférents en Ouganda, qui conclut que «la charge virale est le prédicteur majeur du risque de transmission hétérosexuel du VIH1 et que la transmission est rare chez les personnes chez lesquelles le niveau de charge virale est inférieur à 1 500 copies/mL». Cette observation a été, avec d’autres, traduite en conseil préventif par la Commission suisse du sida, le fameux «Swiss statement». En France en 2010, 86 % des personnes prises en charge ont une CV indétectable, et 94 % une CV de moins de 500 copies. Ce ne sont pas tant les personnes séropositives dépistées et traitées qui transmettent le VIH mais eux et celles qui ignorent leur statut ( entre 30 000 et 50 000 en France). (Tretament As Prevention) ne saurait intégrer pour l’heure la perspective d’un vaccin.
Prévention combinée
Figure 1
Dans son intervention inaugural, très applaudie, Peter Piot, président de l’Entreprise mondiale pour un vaccin contre le sida et ancien président de l’Onusida, a rappelé qu’il n’y avait pas une seul arme définitive contre le virus, mais plutôt un faisceau de moyens que les pays et les communautés doivent utiliser de manière conjointe. Revenant autant sur l’importance de la décriminalisation des comportements que sur l’intérêt de la circoncision, Peter Piot a rappelé que le vaccin prophylactique s’inscrit dans une démarche globale de prévention.
Tout comme Michel Sidibé, Peter Piot a appellé de ses voeux un accès universel à une prévention combinée, incluant des initiatives portant sur les aspects biomédicaux, les structures et les comportements (figure 1). Il a également comparé l’efficacité des différents moyens de prévention (figure 2).
Michel Kazatchkine, directeur exécutif du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a abondé dans ce sens en dénonçant la polarisation de ces questions, qui font opposer dans l’esprit de certains, le financement de la prévention et le financement des traitements. Il a également rappelé que 3 millions de personnes en Afrique bénéficiaient d’un traitement ARV: «Nous sommes venus de très loin, ces dernières années et nous avons montré ce qu’il était possible d’accomplir en matière de santé quand nous travaillions en tant que communauté», a-t-il constaté, ajoutant que c’étaient les ressources qui étaient, aujourd’hui encore plus qu’hier, au coeur de la risposte face à l’épidémie de VIH/sida.
> Figure 1 et Figure 2 sont extrait de la présentation de Peter Piot lors de l’ouverture du congrès.
> La conférence sur le site de Sidaction.
> Aids Vaccine sur le site de l’Onusida.