Recherche thérapeutique — IL-2 : la fin d’un espoir

Les résultats définitifs et décevants des deux études internationales, ESPRIT et SILCAAT, sur l’interleukine-2 (IL-2) viennent d’être publiés dans le New England Journal of Medicine daté du 15 octobre 2009. Ils montrent qu’en association avec des antirétroviraux, l’IL-2 augmente le taux de lymphocytes T CD4+ chez des patients infectés par le VIH mais n’offre aucun bénéfice clinique, ne réduisant pas le risque d’infections opportunistes ou de décès.

Suite à une étude préliminaire réalisée en 1995 qui montrait que l’administration d’IL-2 chez des patients infectés par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. sous traitement antirétroviral augmentait le taux de T CD4, deux études internationales de phase III, ESPRIT (Evaluation of Subcutaneous Proleukin in a Randomized International Trial) et SILCAAT (Subcutaneous IL-2 in patients with Low CD4 Counts under Active Antiretroviral Therapy) ont été mises en place. Leur objectif était d’évaluer les effets de l’IL-2 sur la progression de l’infection (survenue de maladies opportunistes) et le décès. SILCAAT concernait des patients ayant des CD4 compris entre 50 et 299/mm3, ESPRIT des CD4 à 300/mm3 et plus. Les participants étaient divisés en deux bras, l’un recevant de l’IL-2 en cycles de 5 jours en plus des antirétroviraux, l’autre seulement les antirétroviraux.

Des CD4 pas égales ?

Après un suivi moyen de 7 à 8 ans, ces deux études ont confirmé que l’IL-2 élève bien le taux de CD4 mais elles ont aussi montré qu’elle ne réduisait pas le risque de survenue des infections opportunistes ou de décès. La raison en demeure incertaine. Jim Neaton de l’Université du Minnesota déclare : « Toutes les cellules CD4 pourraient ne pas être égales.  En règle générale, une hausse du taux de CD4 est associée à une meilleure évolution clinique. Ce n’est pas le cas de celle induite par l’IL-2. »

Les résultats de ces deux études closent les recherches sur l’IL-2 mais pas celles sur les cytokines. Le Pr Yves Lévy (CHU Henri Mondor et Inserm), par exemple, évalue actuellement l’IL-7.

Référence bibliographique

Interleukin-2 Therapy in Patients with HIV Infection / The Insight-ESPRIT Study Group, SILCAAT Scientific Committee. – New England Journal of Medicine, 15 octobre 2009, vol. 361, n° 16, pp. 1548-1559.

> Lire l’abstract sur le site du NEJM (en anglais).
> Lire notre article : IL-2 : La fin d’une longue histoire?