Cet article a été publié dans Transcriptases n°141.
Mais c’est un peu plus d’un an et demi plus tard qu’elle a vu le jour. Difficultés de définition, nombreux partenaires, ses investigateurs ont pourtant eu raison des pesanteurs et des réticences.
C’est dans un contexte épidémiologique bien particulier que se déroule Prevagay (lire l’encadré ci-dessous). La situation épidémiologique de l’infection chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes est toujours préoccupante. En France, depuis la mise en place de la notification obligatoire du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. sur la période 2003-2007, ce sont plus de 4900 nouveaux diagnostics de séropositivité qui ont été découverts et notifiés chez les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes.
En 2007, les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. représentent 38% des personnes ayant découvert leur séropositivité dont le mode de contamination était connu. A ce jour, la prévalence réelle de l’infection par le VIH dans cette population n’est pas connue. Les études antérieures se basent en effet sur les déclarations des personnes interrogées et non sur la réalisation d’un test de dépistage comme cela sera le cas avec Prevagay.
Autre point fort de l’étude, elle devrait permettre aussi de mieux connaître la réalité épidémiologique des hépatites parmi les gays, alors qu’on assiste à une augmentation des cas d’hépatite C chez les homosexuels séropositifs.
Selon Annie Velter, la responsable de Prevagay, l’un des premiers enseignements de cette recherche action est qu’elle incite les participants à venir parler de leurs pratiques sexuelles, de leur rapport au risque et aussi du dépistage. Rappelons que Prevagay ne propose pas de rendu de résultat de test et que les participants savent et consentent à un prélèvement sanguin sans qu’on leur fournisse ensuite un résultat. C’est pourquoi il leur est remis une carte d’accès à des centres de dépistage anonyme et gratuit, afin de leur permettre de faire le point. On verra si Prevagay aura comme avantage collatéral d’augmenter encore le nombre de gays qui se dépistent.
Comment se déroule l’étude ?Première du genre en France, cette enquête baptisée «Prevagay» est réalisée au sein de la population des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes qui fréquentent des établissements gay parisiens. Elle s’est déroulée du 28 avril au 6 juin 2009 dans une dizaine d’établissements volontaires parisiens (bars, saunas, backrooms). Il est proposé aux clients présents dans ces lieux de participer à l’enquête, après avoir reçu une information préalable et donné leur consentement. Des gouttelettes de sang (autoprélevées au bout des doigts) et un auto-questionnaire sur les comportements sexuels seront recueillis pour chaque participant. Les informations collectées sont totalement anonymes. Les premiers résultats de cette enquête devraient être disponibles dans le courant du 1er trimestre 2010. |
Prevagay : ce qu’en disent les principaux responsablesDans une interview accordée à Yagg, les organisateurs de l’enquête, Annie Velter, socio-démographe à l’Institut de veille sanitaire (InVS) et Antonio Alexandre, directeur en charge de la prévention au Syndicat national des entreprises gays (Sneg), expliquent l’importance de Prevagay. Pourquoi est-ce important de connaître la prévalence du VIH chez les gays ? Pouvez-vous nous donner un exemple ? Quels sont les rôles respectifs de l’InVS et du Sneg dans la mise en place de cette étude ? |