Le patient est un homme de 48 ans, bisexuel. Depuis vingt ans, sa consommation d’alcool est excessive (30-40 verres/semaine) mais il ne s’est jamais injecté de drogue et n’a jamais reçu de produits sanguins.
En 2001, on diagnostique une infection par le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. En 2003, il est soigné pour une tuberculose. Un traitement antirétroviral est démarré en janvier 2007. Le taux de CD4 est alors de 30/mm3 et la charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. de 8,3 x 104/ml.
Le bilan hépatique montre des ALAT élevées, à 51 UI/l, mais des taux de phosphatases alcalines et de bilirubine normaux. Les résultats des tests sérologiques et de la PCRPCR "Polymerase Chain Reaction" en anglais ou réaction en chaîne par polymérase en français. Il s'agit d'une méthode de biologie moléculaire d'amplification d'ADN in vitro (concentration et amplification génique par réaction de polymérisation en chaîne), utilisée dans les tests de dépistage. révèlent une hépatite A ancienne et sont négatifs pour le VHB et le VHC. L’échographie ne montre pas de signe de maladie hépatique parenchymateuse.
De mars 2007 à janvier 2009, la charge virale devient indétectable, les CD4 restent en dessous de 200/mm3 et le taux d’ALAT anormal malgré une baisse significative de la consommation d’alcool (2-3 verres/semaine).
VHE de génotype 3
En janvier 2009, la PCR détecte de l’ARN VHE dans le sérum et les selles. Une recherche rétrospective sur des échantillons conservés de sérum et de selles obtenus dans les dix-huit mois précédents permet de découvrir un VHE de génotype 3. La biopsie hépatique montre une cirrhose avec inflammation active.
Les auteurs expliquent que « jusqu »à récemment, on considérait que le VHE ne pouvait donner que des infections aiguës. Dernièrement, des infections chroniques par le VHE avec maladie hépatique progressive ont été rapportées chez des receveurs d’organes (Kamar et all., NEJM, 2008 ; 358 : 811-7) et chez un patient atteint d’un lymphome sous traitement immunosuppresseur (Ollier et all., Ann Intern Med 2009 ; 150 : 430-1). »
Les auteurs soulignent que, chez des patients sous traitement antirétroviral, les atteintes hépatiques dues aux médicaments sont fréquentes, que les tests sérologiques peuvent être non concluants dans ce contexte et que la détection par PCR de l’ARN du VHE est essentielle pour poser le diagnostic.
Bibliographie
Persistent carriage of hepatitis E virus in patients with HIV infection / H. Dalton et all. – New England Journal of Medicine, 3 septembre 2009. – vol. 361, n° 10, pp. 1025-1027.