Travailler sur les réseaux et trafics de drogues nécessite quelques préalables et réflexions sans lesquels les conditions mêmes du travail ne sont pas réunies, le rendent hasardeux, voire impossible. On pense immédiatement aux obstacles auxquels s’expose le chercheur autant que le travailleur social sur ce terrain d’investigation, dont on imagine aisément qu’il est empreint de secrets, parfois de violence, de menaces. On pense aussi aux difficultés à recueillir des informations « complètes », tant les réseaux et les filières sont hiérarchisés et complexes, à la difficulté d’être sur le terrain. Mais travailler sur les réseaux et trafics de drogues nécessite, en plus des préalables habituels à tout travail de recherche et d’action sociale, de (se) construire une éthique, un rapport au monde en quelque sorte, qui, certes, envisage les problèmes techniques, légaux et moraux de ces activités illicites, mais qui leur est supérieur.