Une fois n’est pas coutume, notre photo logo swapsienne a été psychédélisée pour les besoins d’un dossier haut en couleurs et en histoires sur ce que l’on a baptisé «la Renaissance psychédélique» (p.15). Considérées depuis 1971 comme des «drogues dangereuses et sans intérêt thérapeutique», classées dans la liste des stupéfiants de l’ONU, les psychédéliques connaissent depuis les années 2010 un regain d’intérêt de la part de scientifiques et de médecins addictologues qui ne sont pas tous issus de l’underground. Si la France reste rétive au retour sur scène de ces molécules, au moins sur le plan de la recherche, il n’est plus un congrès d’addictologie qui ne propose un panel de discussion sur les psychédéliques et l’analyse des articles scientifiques qui leur sont consacrés. Sur le site ClinicalTrials.gov qui recense les essais thérapeutiques menés aux États-Unis, on dénombre 257 essais consacrés aux molécules psychédéliques, dont la moitié concerne la psilocybine, un quart la MDMA et 11 % le LSD (voir p. 24).
Les trois premier·es historien·nes à se pencher sur l’histoire des psychédéliques nous ont fait l’honneur de deux articles dans cette présente édition de Swaps sur les histoires compliquées de ces substances avec la médecine. Où l’on apprend que –peut-être– en 2024, devraient débuter les premières études en France portant précisément sur la psilocybine dans le champ de la dépression et du LSD pour traiter l’addiction à l’alcool. Pierre Polomeni s’est pour sa part focalisé sur une pratique dite «festive», le Candy Flip, une consommation séquencée de substances, censée en minorer les effets avec cette question centrale: réduction des risques ou flirts dangereux (p.26) ?
Mais ce double numéro ne traite pas que des hallucinations psychosensorielles. Ainsi Alexandre Marchant, notre historien maison, s’est-il attaqué à une association autant d’actualité qu’historienne : les rapports entre Marseille et la drogue (p.31), où la très particulière transposition de la «war on drugs» dans la capitale phocéenne crée des rapports entre trafics, violences, justice, police, RdR et addictions. «La pression policière sur une filière est semblable à un coup de pied qui enverrait un ballon sur un autre terrain», note un policier. Et la violence perdure, sous de nouvelles formes, comme l’analyse Michel Gandilhon dans son article quasi prophétique (p.36).
Enfin pas de Swaps sans débat. Fabrice Olivet (p. 40) pointe la petite musique de l’information continue qui associe régulièrement faits divers violents et consommateurs de drogues, en oubliant au passage la place des trafiquants.