Campagne de vaccination contre l’épidémie de chikungunya à la Réunion

Une campagne de vaccination contre le chikungunya, maladie transmise par le moustique tigre, a commencé le lundi 7 avril à La Réunion. Le plan blanc a été déclenché la semaine dernière au CHU de l’île.

Depuis le mois de janvier 2025, près de 20 000 cas de chikungunya ont été recensés à La Réunion. «Pour la semaine du 17 au 23 mars, le territoire comptabilise 5 832 cas confirmés et plus de 18 000 consultations pour chikungunya en médecine de ville», indiquait le 2 avril l’Agence régionale de santé (ARS) du département ultramarin.

Son directeur général, Gérard Cotellon, a précisé à France Info que le pic épidémique est prévu à la «mi-avril ou au début de la troisième semaine d’avril», avant une décrue attendue «d’ici à la fin avril». Deux personnes de 86 et 96 ans sont officiellement mortes du chikungunya et l’ARS a recensé 31 cas graves, dont la moitié chez des nourrissons.

Le virus chikungunya modélisé

Après le déclenchement du plan blanc au CHU de l’île le 4 avril, qui permet de déprogrammer certaines opérations ou de rappeler des personnels en congés dans les hôpitaux, une campagne de vaccination débute ce 7 avril pour les personnes les plus à risque. L’avis de la Haute Autorité de santé du 27 février dernier a déterminé des populations prioritaires :

  • les personnes âgées de plus de 65 ans
  • celles de 18 à 64 ans avec une comorbidité ou une maladie chronique (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires, respiratoires, rénales, hépatiques et neurovasculaires…), et n’ayant jamais contracté le chikungunya.
  • les professionnels de la lutte antivectorielle.

La HAS a écarté les femmes enceintes ou les personnes immunodéprimées, car il s’agit d’un vaccin vivant atténué.

«Je vois les gens tomber comme des mouches autour de moi, l’impression d’avoir une épée de Damoclès au-dessus de la tête à me demander quand ça va me tomber dessus, témoigne une soignante de l’île. Les symptômes ne sont vraiment pas agréables ! Fièvre, grosses douleurs articulaires, plaques rouges, gonflements… On se refile les recettes de grands-mères pour soulager (tisane de feuilles de papaye, par exemple). Le vaccin n’est pas accessible à tous et est très cher…»

Assez de doses ?

La vaccination, gratuite sur présentation d’une prescription médicale et d’une carte vitale, est réalisée par les médecins, infirmiers et pharmaciens. Dans un premier temps, 40 000 doses du vaccin Ixchiq, du groupe franco-autrichien Valneva, sont arrivées la semaine dernière sur l’île. Selon le directeur de l’ARS, «50 000 autres doses vont arriver d’ici à la fin du mois d’avril». Le vaccin Ixchiq, du groupe pharmaceutique franco-autrichien Valneva, est le seul disponible ; il a reçu une autorisation de mise sur le marché européen en juin 2024. Selon les études citées dans l’évaluation de la HAS et les dernières données du laboratoire, les anticorps restent présents jusqu’à trois ans.

Dans les autres territoires ultramarins, on recense 12 cas à Mayotte et un, importé, en Martinique.

En 2005-2006, l’épidémie à La Réunion avait touché 260 000 personnes (plus d’un tiers de la population) et fait plus de 200 morts. Le chikungunya provoque de la fièvre, des douleurs articulaires sévères, ainsi que des céphalées, de la nausée, une grande fatigue et des éruptions cutanées. L’ARS rappelle les précautions à prendre pour éviter les piqûres de moustiques : appliquer des sprays répulsifs sur la peau et les vêtements, utiliser les insecticides au sein des habitations (diffuseurs électriques, serpentins…), installer des moustiquaires et porter des vêtements amples et couvrants, vider et éliminer tous les récipients susceptibles de contenir de l’eau autour de son habitation (gîtes larvaires).

En savoir plus
La rubrique chikungunya sur le site de l’ARS de la Réunion

Notre fiche sur le virus et la maladie

Des données de Santé publique France
Depuis le début de l’année 2025, 27 521 cas de chikungunya ont été recensés à la Réunion, avec 6 289 cas pour la semaine 13 (24-30 mars 2025), indique Santé publique France dans son Bulletin de surveillance des arboviroses du 9 avril. Ces cas concernent les hommes comme les femmes, avec une médiane d’âge de 48 ans.
Les 45-59 ans, suivi des 60-75 ans et les 30-44 ans sont les plus affectés. Si l’on rapporte ces chiffres à la population, ce sont les plus de 75 ans chez qui le taux de déclaration est le plus élevé, atteignant 4,6% (soit plus de 2 500 cas pour une population de 45 000 individus de plus de 75 ans).
L’activité aux urgences poursuit sa hausse : depuis le début de l’année, 803 passages pour motif «arboviroses» ont été recensés, dont 310 pour la semaine 13. La majorité des passages sont recensés au CHU Sud (61%).
Le nombre de cas hospitalisés pour plus de 24h pour chikungunya est de 189, dont 167 pour lesquels le chikungunya était le motif d’admission, soit 84%. Pour les autres cas, le diagnostic a été confirmé au cours de l’hospitalisation.
Parmi ces cas, un quart (26%) d’entre eux avait moins de 6 mois et près de la moitié (46%) avait plus de 65 ans. Ces deux populations qui représentent la majorité des cas hospitalisés pour chikungunya.
La plupart des patients hospitalisés (78%), présentaient au moins un facteur de risque de forme sévère lié à une comorbidité, leur âge ou la grossesse.