Surveillance et contrôle des arbovirus au Burkina Faso selon une approche One Health

Bachirou Tinto (IRSS, centre MURAZ, Burkina Faso) a présenté lors des Journées scientifiques de l’ANRS-MIE, les premiers résultats d’une étude ArboFaso, dont l’objectif est d’évaluer et de surveiller les risques arboviraux au Burkina Faso, selon une approche globale.

Bachirou Tinto a rappelé que ce projet collaboratif Nord-Sud, entre la France et le Burkina Faso, a été entièrement financé par l’ANRS, « remerciée pour le soutien qu’elle apporte à la recherche en Afrique, surtout en ce moment où le monde traverse une zone de turbulence ». Le Burkina Faso, où la dengue est endémique, fait face aujourd’hui à une émergence et une réémergence des arbovirus Il s’agit d’intégrer des études chez les humains, les animaux domestiques – chevaux, volaille et petits ruminants – et sauvages, notamment les chauves-souris et les oiseaux sauvages, pour diagnostiquer et surveiller les arbovirus. Le Burkina Faso, comme d’autres pays africains, est confronté à de nombreux problèmes : d’une part la circulation concomitante de plusieurs pathogènes avec des symptomatologies semblables qui rendent difficile le diagnostic différentiel clinique et la difficulté d’obtenir des confirmations en laboratoire, coûteux et rares.

Un projet en deux ans

Ce projet ArboFaso se décline en quatre lots :

  • Cartographier les arbovirus en identifiant les souches virales circulantes, avec des tests de diagnostic moléculaire chez l’homme, l’animal et les vecteurs, et des enquêtes sérologiques chez l’homme et l’animal ;
  • Investiguer les cas positifs ;
  • Déterminer l’importance des arbovirus sur les fièvres d’étiologies inconnues et les infections neurologiques
  • Identifier les animaux qui peuvent être utilisés comme surveillance sentinelle pour les arbovirus.

Cette étude prospective et descriptive cible sept virus : zika, O’Nyong-nyong (alphavirus transmis par les moustiques), West Nile, chikungunya, usutu (orthoflavivirus), virus de la fièvre de la vallée du Rift et sindbis (arbovirus). Six zones du pays sont investiguées, deux zones urbaines et quatre zones semi urbaines, avec des collectes en saison sèche et en saison humide pour étudier la variabilité de la circulation de ces pathogènes.

Résultats préliminaires

Il est prévu de prélever 928 échantillons de personnes présentant un tableau infectieux et 384 échantillons animaux. Une enquête « en communauté » prélèvera des échantillons chez des personnes qui ne présentent pas de symptômes (urine, sang…). Tous ces échantillons feront l’objet d’analyses moléculaires et sérologiques.

Résultats préliminaires et carte des cas, Tinto B. et al, ANRS-MIE 2025

Les premiers résultats présentés permettent de mettre en évidence la co-circulation de deux alphavirus au Burkina Faso : le chikungunya et le virus O’Nyong-nyong, y compris chez des donneurs de sang. En ce qui concerne les infections récentes, l’étude montre un taux de séroprévalence de 2,39 %, pour le chikungunya sur tout le territoire.

Ces résultats ont été publiés dans Plos https://journals.plos.org/plosntds/article?id=10.1371/journal.pntd.0011712