Souvent sous-diagnostiquée, confondue avec la dengue, le chikungunya ou le Zika, MVO est endémique dans certains pays d’Amérique centrale et du Sud. De récentes épidémies attirent l’attention sur cette maladie considérée comme une « arboviroseArbovirose Les arboviroses sont des maladies virales dues à des arbovirus transmis obligatoirement par un vecteur arthropode (moustique, moucheron piqueur, tique) à des hôtes vertébrés (mammifères, oiseaux), d’où leur nom adapté de l’anglais : ARthropod-BOrne virus. tropicale mineure » par le Pilly, la Bible des infectiologues. Le Lancet Infectious Diseases a quant à lui décrit le virus OROV comme une « menace mystérieuse », sur laquelle on dispose de peu de connaissances malgré le demi-million de cas enregistrés depuis 1955.
Description et épidémio
La maladie à virus Oropouche est une arbovirose causée par le virus Oropouche, un virus à ARN simple brin appartenant au genre Orthobunyavirus de la famille des Peribunyaviridae. La transmission aux humains se fait par la piqûre de petits moucherons infectés, du genre Culicoides paraensis et peut-être certains moustiques, qui vivent dans les zones forestières et humides. L’hôte animal pourrait être des singes de type paresseux, voire certains oiseaux.
Endémique en Amérique du Sud et Amérique latine (Brésil, Panama, Pérou, Argentine, Bolivie, Colombie, Équateur et Guyane française), le virus a été à l’origine d’épidémies dans ces régions. En 2020, l’Agence régionale de santé (ARS) de la Guyane française signalait que le virus Oropouche y avait été détecté pour la première fois. D’autres territoires jusque-là épargnés ont connu une épidémie en 2024, qui a débuté à Cuba au printemps, marquant une extension géographique du virus sans précédent. La maladie a ensuite été importée aux États-Unis et en Europe – 19 cas ont été relevés par l’ECDC en août 2024, en Allemagne (2), Italie (5), Espagne (12).
La transmission directe et horizontale du virus d’une personne à l’autre n’a pas encore été documentée, mais le ministère brésilien de la Santé a signalé six cas possibles de transmission de la maladie OROV de la mère à l’enfant pendant la grossesse. L’ANRS MIE a créé une cellule de crise sur cette maladie en octobre 2024.
L’épidémie cubaine
Le 27 mai 2024, le ministère de la Santé publique de Cuba a signalé la toute première épidémie de maladie du virus d’Oropouche sur l’île. Au total, 74 cas confirmés ont été signalés dans la province de Santiago de Cuba (54) et dans la province de Cienfuegos (20). Ces cas ont été détectés grâce à des actions renforcées de suivi et de surveillance à la suite d’une augmentation du nombre de cas de maladie fébrile non spécifique. L’OROV a été identifié dans 74 des 89 échantillons testés au laboratoire national de référence cubain. L’OMS indique qu’aucun cas mortel n’a été rapporté.
Symptômes
Les symptômes sont souvent non spécifiques et peuvent être facilement confondus avec ceux d’autres arbovirosesArbovirose Les arboviroses sont des maladies virales dues à des arbovirus transmis obligatoirement par un vecteur arthropode (moustique, moucheron piqueur, tique) à des hôtes vertébrés (mammifères, oiseaux), d’où leur nom adapté de l’anglais : ARthropod-BOrne virus. – dengue, chikungunya ou Zika.
La maladie peut se manifester par une fièvre aiguë accompagnée de maux de tête, de nausées, de vomissements, de douleurs musculaires et articulaires… Environ 80 % des personnes infectées restent asymptomatiques.
La phase de convalescence est généralement d’une semaine, mais dans certains cas, elle peut se prolonger sur plusieurs semaines. Dans environ 4 % des cas symptomatiques, des formes sévères et neuro-invasives peuvent survenir, incluant des méningites et des encéphalites.
Il n’y a pas de vaccin ni de traitement pour la maladie à ce stade. Les soins médicaux visent à contrôler les symptômes et à faciliter la récupération.
Prévention
L’OMS recommande d’adopter des stratégies de prévention à l’instar de celles développées contre d’autres arboviroses :
- mesures de contrôle ou d’éradication contre les vecteurs arthropodes (réduire le nombre de réservoirs d’eau…)
- mesures de protection des personnes (barrières mécaniques, moustiquaires, répulsifs antimoustiques…)
Il a été démontré que les insecticides chimiques tels que la deltaméthrine et la N,N-Diéthyl-méta-toluamide (DEET) sont efficaces pour contrôler les espèces de Culicoides et de Culex.