Le dépistage des hépatites en Csapa et Caarud: utile et faisable

Le dépistage des virus d’hépatites et du VIH à partir de dépôt de sang séché dans les structures médico-sociales d’addictologie est faisable et facilement implantable sans renforcement de personnels, selon une étude parue dans un BEH spécial hépatites.

Stanislas Pol, dans l’éditorial du BEH du 24 septembre 2024 consacré aux hépatites, le souligne: «La stratégie en deux étapes pour la détection de l’infection virale C (positivité du test sérologique et alors détection de l’ARN VHC par une technique sensible de biologie moléculaire sur un second échantillon biologique) est une limite, particulièrement pour les populations vulnérables (usagers de drogues, migrants, travailleurs du sexe) pour lesquelles l’observance des recommandations reste aléatoire et l’altération du réseau veineux chez les usagers de drogues peut constituer un frein majeur au dépistage». En effet, un autre article de Stéphane Chevaliez et al. le démontre : l’activité de dépistage dans les Csapa et Caarud par dépôt de sang capillaire sur papier filtre (DBS) est particulièrement adaptée à la population vulnérable des usagers de drogues. Et cette technique sur buvard par dépôt de sang capillaire sur papier filtre est déjà largement utilisée dans certaines études ou recherche-action en milieu dit «bas seuil».

Cascade de soins VHC dans les Csapa Caarud, Source : BEH


Sur une période de 6 ans, entre 2018 et 2023, 588 personnes, majoritairement des hommes (81 %) âgés en moyenne de 44,4 ans, ont été dépistés pour un ou plusieurs virus dans 26 Csapa et Caarud inclus dans l’étude. Trois cent vingt-trois (54,9 %) ont rapporté un ou plusieurs facteurs de risque (usage de drogues, rapports sexuels non protégés). Le taux de positivité du VHC (infection active), VHB et VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. était respectivement de 16,3%, 1,8% et 1,3%, très nettement supérieurs aux prévalences estimées dans la population générale, «justifiant le renforcement des politiques de dépistage dans les structures médico-sociales», selon les auteurs. Parmi les 96 patients nouvellement diagnostiqués pour le VHC, 80 patients ont reçu un traitement par antiviraux à action directe (AAD), avec une proportion de patients avec guérison virologique 90,0%. Pour les patients nouvellement dépistés pour le VHB (n=4) ou le VIH (n=2), 4 ont débuté un traitement antirétroviral. Plus d’un tiers avait une fibrose significative (≥F2) dont 11,2% une cirrhose. Là encore, un taux de positivité globale de 3,7 % par an, bien au-dessus de ce que l’on observe en pollution générale, ce qui n’est pas une surprise compte tenu des facteurs cumulés de vulnérabilité et de contamination pour plus de la moitié de la population étudiée.

Dépistage des hépatites virales et du VIH dans les structures médico-sociales d’addictologie (CSAPA et Caarud), France, 2018-2023, Stéphane Chevaliez (stephane.chevaliez@aphp.fr), et al.