C’est une clinique qui ne ressemble pas à une clinique. Au 56 Dean Street, en plein cœur de Soho, l’immeuble de plusieurs étages fait penser à un hôtel, avec de larges fauteuils en cuir dans les salles d’attente et des papiers peints psychédéliques. Le 56 Dean Street offre une évaluation et une prise en charge complète pour la santé sexuelle et la contraception, notamment la prise en charge et le suivi des personnes vivant avec le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. ou les hépatites B ou C. L’une des caractéristiques les plus importantes de la clinique est d’être pluridisciplinaire – avec une équipe de médecins, d’infirmiers et d’auxiliaires de santé. L’équipe offre un soutien psychologique personnalisé avec des séances individuelles, et sans jugement, avec des conseillers en santé.
Le centre revendique sur son site Internet « une connaissance approfondie des facteurs liés au mode de vie LGBTQI+, aux questions psycho-sexuelles, à l’impact de la vie sociale dans son ensemble, à la discrimination et à la consommation de drogues ». « Une approche vraiment unique » qui a été en partie conçue sur mesure par David Stuart, d’abord bénévole à Antidote (lire notre article) et ensuite salarié au Dean St où il a travaillé huit ans en tant que responsable du service d’addictologie, avant sa disparition soudaine en 2022 à l’âge de 56 ans.
David Stuart a conceptualisé non seulement le mot chemsex1, mais surtout un mode d’accompagnement des chemsexeurs. Pour lui, le chemsexChemsex Le chemsex recouvre l’ensemble des pratiques relativement nouvelles apparues chez certains hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), mêlant sexe, le plus souvent en groupe, et la consommation de produits psychoactifs de synthèse. est une pratique éminemment gay, en lien avec la culture gay, les attitudes sociales, l’homophobie, le stigma du sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. mais aussi l’impact des applications de rencontre et des modes de sociabilité gay. Usager de drogue lui-même pendant une décennie, il avait partagé cette expérience sur son site : « Je me suis retrouvé sobre, avec un casier judiciaire pour trafic de drogue, un nombre considérable de traumatismes et un feu au creux du ventre qui m’a poussé à sensibiliser au chemsex. »
Outre les études auxquelles il a pu contribuer, il a créé une réponse « Bien-être Dean Street » qui propose un soutien personnalisé en ligne, des conseils de réduction des risques et des informations sur les drogues et la santé sexuelle. Il a produit des vidéos pour induire des changements de comportement (gestion du craving, conseils de réduction des consommations, sexualité sobre, et à moindre risque) et partagé des alternatives récréatives/sociales londoniennes aux saunas et aux clubs chems2. Il a initié des soirées à micro ouvert, Let’s Talk about gay sex and drugs, qui ont ensuite été adaptées à Amsterdam et à Berlin… Il est unanimement reconnu comme ayant été un infatigable militant et a contribué à de nombreux travaux au niveau international pour protéger sa communauté3.
Aujourd’hui, Dean Street continue la tâche. Toute personne qui a besoin d’aide par rapport à la pratique du chemsex peut prendre un rendez-vous pour une évaluation initiale de 20 minutes avec l’un des experts. Un espace confidentiel et sûr est mis à disposition pour envisager :
- la réduction des risques,
- la réduction de la consommation,
- l’arrêt,
- du soutien pour la prévention des rechutes.
- David Stuart, (2019) « Chemsex: Origins of the Word, a History of the Phenomenon and
a Respect to the Culture », Drugs and Alcohol Today, Vol. 19 Issue: 1, pp.3-10. ↩︎ - Certaines vidéos sont visibles sur cette chaîne YouTube ↩︎
- À titre d’exemple, cette brochure de RdR sur le site de l’International Drug
Policy Consortium (IDPC) ↩︎