Depuis plus de deux ans, autorités et associations travaillent à ce projet afin de préparer au mieux les conditions d’ouverture de ce dispositif de santé publique. Le comité de pilotage (1) s’est accordé en octobre dernier autour d’un lieu au 110, boulevard de la Libération à Marseille (4ᵉ arrdt). Ce lieu d’implantation devait faire l’objet d’un arrêté du ministère de la Santé, pour une ouverture en 2024.
Comme souvent, la nouvelle de l’implantation d’une salle de consommation a fait bondir les riverains, qui dénoncent l’installation de la HSA dans un quartier familial, et l’opposition de droite qui dénonçait un «aimant à trafic». Depuis octobre, raconte la Provence, «les riverains n’avaient eu de cesse de se rassembler pour dénoncer le choix du lieu, proche d’écoles, et « sans toxicomanie de rue, ni points de deal, ni seringue sur les trottoirs » selon les membres du collectif citoyen Enfants-Libération».
Le 17 janvier, un comité de pilotage a eu lieu en présence de la Ville, de l’AP-HM et de représentants des ministères de la Santé, de la Justice et de l’Intérieur, au terme duquel l’État a mis un veto à l’ouverture de la HSA au 110, bd de la Libération. C’est un coup dur pour les tenants de la RdR. La Fédération addiction précise : «le recrutement d’équipe était en cours, le projet architectural finalisé et les travaux prêts à démarrer dès janvier. Cette décision aura des conséquences non seulement sur la santé des consommateurs de rue — qui n’auront d’autre choix que de continuer à consommer dans l’espace public, avec tous les risques que cela suppose — mais également pour la tranquillité des riverains».
Une Halte soins addictions mobile pourrait faire partie des options, sur le modèle des bus qui distribuent du matériel de RdR. Jean-Michel Delile, président de la Fédération Addiction, annonce qu’il va «solliciter un rendez-vous auprès des ministres concernés afin d’obtenir des explications». «Par ce virement sans explication, quelques jours à peine après son entrée en fonction, le gouvernement envoie un très mauvais signal aux professionnels de l’addictologie. […] Nous appelons par ailleurs la ville de Marseille à renouveler son engagement sur ce dossier. »
Il existe deux haltes soins addiction en France : une à Paris et l’autre à Strasbourg. Elles ont été autorisées par la loi en 2016, sous le nom salles de consommation à moindre risque (SCMR) et ont été rebaptisées en 2021.
- Asud Mars Say Yeah, porteur du projet et ses partenaires (Nouvelle Aube, Bus 31/32, Médecins du monde, Vers Marseille sans sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. Aides, Groupe SOS, AP-HM et Addiction Méditerranée), Préfecture de Région PACA et des Bouches-du-Rhône, Agence régionale de santé PACA, Ville de Marseille, Tribunal Judiciaire de Marseille et l’AP-HM. ↩︎