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Dans le contexte actuel du chemsex il apparaît prioritaire de proposer aux consommateurs des méthodes de réduction des risques (RdR) puisqu’il a été clairement démontré que les chemsexers sous PrEP ont plus de partenaires occasionnels, plus de multipartenaires, de rapports hard, de rapports sans préservatifs associés à la PrEP et plus d’IST.1J.-C.Alvarez, R.Bauer, P.Roux, C.Capitant, J.-M.Molina, G.Pialoux, I.Etting, I-A.Larabi, N.Fabresse, J.Chas. Consommation de drogues identifiée par analyse capillaire parmi les HSH lors de l’étude ANRS Ipergay: relation avec les pratiques à risque. Toxicologie analytique et clinique. Volume 30, no 2, Supplément, juin 2018, Pages S45-S46. 2Chas J, Peytavin G, Carette D, Fabresse N, Charreau I, Capitant C, Roux P, Cua E, Cotte L, Pasquet A, Raffi F, Meyer L, Pialoux G, Molina JM, Alvarez JC. Chemsex drugs use by hair analysis among MSM in the ANRS Ipergay trial. Abstract Number: 1029. CROI 2018. Boston, Massachusetts. 3Roux P, Fressard L, Suzan-Monti M, Chas J, Sagaon-Teyssier L, Capitant C, Meyer L, Tremblay C, Rojas-Castro D, Pialoux G, Molina JM, Spire B. Is on-Demand HIV Preexposure Prophylaxis a Suitable Tool for Men Who Have Sex With Men Who Practice Chemsex? Results From a Substudy of the ANRS-IPERGAY Trial. J Acquir Immune Defic Syndr. 2018 Oct 1;79(2):e69-e75
La consommation de nouveaux psychotropes de synthèse (NPS) semble s’étendre parmi les hommes ayant des relations sexuelles avec les hommes (HSH). Toutes les études reposent toutefois sur le déclaratif des consommations. Déclaratif compliqué par les troubles mnésiques liés à la plupart des NPS et par l’incertitude quant à la composition des produits à l’achat ou lors de la consommation. Parmi les outils possibles de RdR, figure l’analyse des consommations de NPS par analyse capillaire.
Dans le cadre de l’étude ANRS Ipergay (évaluant la PrEP), il a été prélevé chez des participants à une sous-étude une mèche de cheveux tous les 4 mois afin de déterminer leur consommation de substances (excepté GHB/GBL, poppers et THC). Une analyse segmentaire a été pratiquée lorsque la longueur de la mèche le permettait (≥ 3cm). Après décontamination et extraction, une quantification a été effectuée, incluant les stupéfiants «classiques» (opiacés, cocaïne, amphétamines, kétamine) mais également les NPS4Chas J, Peytavin G, Carette D, Fabresse N, Charreau I, Capitant C, Roux P, Cua E, Cotte L, Pasquet A, Raffi F, Meyer L, Pialoux G, Molina JM, Alvarez JC. Chemsex drugs use by hair analysis among MSM in the ANRS Ipergay trial. Abstract Number: 1029. CROI 2018. Boston, Massachusetts. 5Larabi IA, Fabresse N, Etting I, Nadour L, Pfau G, Raphalen JH, Philippe P, Edel Y Alvarez JC. Prevalence of new psychoactive substances and conventional drugs of abuse in Paris (France) and its suburbs using hair analysis: a cross sectional study. Drug and Alcohol Dependance, 2019 (in press) .
Soixante-neuf volontaires ont été inclus avec des caractéristiques démographiques similaires aux 429 participants de l’étude Ipergay. L’âge médian est de 35 ans [28;41]. Deux cent dix-neuf segments de cheveux (1,5 à 2,5 cm) provenant de 137 mèches ont été analysés correspondant chacun à une consommation entre 1,5 et 2,5 mois. Trente-deux molécules ont été identifiées, 9 considérées comme thérapeutiques bien que probablement utilisées comme drogues récréatives (sildénafil, vardénafil, tadalafil). Huit stupéfiants classiques ou substances détournées ont été détectés sur au moins 1 segment chez 53 volontaires, soit une prévalence de 77%: cocaïne (n=47, 68%), MDMA (31, 45%), kétamine (26, 38%), métamphétamine (6), amphétamine (4), dextrométorphane (4), méthylphénidate et butorphanol (1).
Quinze NPS ont été mis en évidence chez 27 patients, correspondant à une prévalence de 39%. Par ordre de fréquence, on retrouve la méphédrone (14), 4-MEC (11), éthylphénidate (5), méthylone (4), méthoxétamine (4), méthiopropamine (3), PMMA (3), MDPV (3), métamfépramone (1), 5F-PB22 (1), diphénidine (1), phendimétrazine (1), phentermine (1), N-methyl-2-AI (1) et diméthylone (1). Aucune pipérazine type TFMPP ou m-CPP n’a été retrouvée. Aucun cas de consommation de NPS seul n’a été retrouvé: les NPS sont associés à la cocaïne dans 25/27 cas (93%), à la MDMA dans 20/27 (74%) ou la kétamine dans 19/27 (70%).
L’analyse capillaire permet une meilleure détection des consommateurs que les auto-questionnaires puisque 21/53 (40%) ayant des drogues dans les cheveux avaient déclaré ne pas en consommer. Les HSH consommant des drogues ont un nombre déclaré de partenaires dans les 2 mois précédant le prélèvement significativement plus élevé que les non consommateurs (médiane = 7 [4;15] vs 5 [2;10], p < 0,0001). La prévalence de consommation des NPS et en particulier des cathinones chez les HSH utilisant la PrEP est élevée dans l’étude Ipergay-ANRS, mais moindre que celle des drogues classiques comme la cocaïne et la MDMA.
L’analyse capillaire est la seule méthode qui permet d’évaluer précisément cette consommation, par ailleurs sous-déclarée. Cela est d’autant plus important que cette consommation s’accompagne d’une augmentation des pratiques à risque, en particulier du nombre de partenaires. Cette méthode devrait être appliquée dans d’autres études de prévention en matière de chemsex.