La moyenne d’âge à la première consommation est plus élevée en 2010 (24 ans) qu’en 1960 (16ans). La majorité ne s’injecte pas. Une des portes d’entrée dans cette dépendance est la prescription d’antidouleurs morphiniques, type OxyContin, qui peuvent être revendus sur le marché noir 80$ la gélule en échange d’héroïne plus abordable. En 2013, ce sont 11 millions d’Américains qui ont acheté des médicaments opiacés dans la rue, soit plus que ceux qui ont consommé de la cocaïne, de l’ecstasy, de la methamphétamine et du LSD. Sans doute parce que ces médicaments ont l’image d’une drogue sûre et donc sans danger, contrairement à l’héroïne illicite.
Erreur car ils ont été responsables de 16 000 décès par overdoses (OD) en 2012 (sur un total de 40 000), obligeant les professionnels à réduire les prescriptions et les firmes à modifier leur galénique pour les rendre ininjectables. D’où une légère baisse des OD et des dépendances aux opiacés médicamenteux ces deux dernières années, mais dans le même temps, une augmentation de leur prix sur le marché de rue. Les addicts se retournent alors vers l’héroïne bon marché, importée directement du Mexique où elle est produite, bonne aubaine pour les narcotrafiquants latinos qui ont vu ces derniers temps leur exportation de cannabis fondre au rythme de sa légalisation dans les Etats américains. Le Mexique est devenu le 3ème producteur d’opium, après l’Afghanistan et la Birmanie. La culture a été multipliée par 10 dans la Sierra Madre. Les saisies d’héroïne à la frontière ont augmenté sensiblement: 0,5 tonne en 2007, 2,1 en 2010. C’est principalement de l’héroïne marron, plus facile à sniffer ou à fumer. Elle coûte deux fois moins cher qu’en 1980.
L’administration Obama dans sa dernière stratégie nationale publiée en juillet dernier veut rendre plus accessible la Naloxone pour prévenir les OD, et octroie l’immunité à ceux qui appellent le 911 pour aider une personne qui fait une OD (!!!). Les programmes d’échanges de seringues s’étendent, plus facile à vendre par les politiques maintenant que l’addiction à l’héroïne ne concerne plus seulement le «clochard sous le pont».
Source
- The great American relapse, The Economist.