Allégement thérapeutique: L’essai Quatuor, le traitement 4 jours sur 7

Si le recours aux bithérapies est l’une des stratégies étudiée de près pour alléger le traitement des personnes vivant avec le VIH, une autre pistes de recherche est de s’attaquer à la prise quotidienne : Ainsi, les premiers résultats de l’essai ANRS Quatuor montre la non-infériorité du traitement réduit à quatre jours par semaine, par rapport au même traitement administré sept jours sur sept.

Des données antérieures solides existent pour l’utilisation de l’efavirenz 5 jours sur 7; Les données sont moins solides pour les autres traitements, mais les données de la cohorte ICCARRE puis de l’essai ANRS 162-4D poussaient à un essai de plus grande ampleur.

Quatuor est un essai comparatif d’un traitement 7 jours sur 7, versus 4 jours sur 7, pendant les 48 premières semaines, avec un passage en 4 jours sur 7 pour tous les patients en succès à S48 et un suivi jusqu’à S96.

Les 850 candidats ont été screenés en 4 mois, et 647 patients ont été randomisés. L’âge médian est de 49 ans, 67% des patients sont des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), la durée médiane de traitement antérieur est de plus de 6 ans. A peu près 48% des patients ont un traitement à base d’anti-intégrase à l’inclusion (surtout dolutégravirDolutégravir Le dolutégravir, nom de marque de Tivicay® et présent dans Juluca® et Triumeq®, appartient à la une classe de médicaments antirétroviraux appelés inhibiteurs de l'intégrase. Il est utilisé en combinaison avec d'autres médicaments anti-VIH. et elvitégravir), 46% à base d’INNTI (rilpivirine surtout, éfavirenz et à un moindre degré étravirine) et quelques patients sont sous inhibiteurs de protéase (6%).

Résultats : 95,6% versus 97,2% de charges virales indétectables à S48, qui démontre la non-infériorité de la stratégie 4 jours sur 7 à 48 semaines.
Il n’y a pas de différence en fonction du 3ème agent, du nadirNadir Chiffre indiquant la valeur minimale enregistrée de la charge virale ou des CD4. de CD4 ou du ratio CD4/CD8.

On relève 10 échecs virologiques (6 dans le bras 5/7 et 4 dans le bras 7/7); les résistances apparaissent plus sous les traitements avec la rilpivirine que les inhibiteurs d’intégrase, mais les échecs virologiques avec la rilpivirine sont présents de façon équivalente dans les deux bras.
Les patients qui ont été en échecs virologiques sont «rattrapés» par un changement de stratégie thérapeutique.

Pas de différence dans les effets secondaires entre les deux bras. De nombreuses sous-études sont en cours (notamment pharmacologique, de CV dans le sperme).

L’économie générée par la stratégie est de 43% du coût des ARV, ce qui est considérable.

Note du rédacteur : On peut donc dire que dans une population sélectionnée, n’ayant pas spontanément réduit son nombre de prises, étroitement surveillée, la prise 4 jours sur 7 n’est pas inférieure à 48 semaines à une prise continue. Il faut probablement rester prudent et attendre d’avoir des résultats à plus long terme pour généraliser la pratique, mais les données sont très rassurantes.

ANRS 170 Quatuor: traitement de maintenance 4 jours sur 7, un essai de phase 3 de non inferiorité, ouvert et randomisé en deux groupes parallèles
Roland Landman, IMEA, UMR 1137, INSERMInserm Institut national de la recherche médicale. Université Paris Diderot, Sorbonne Paris Cité, AP-HPAP-HP Assistance publique-Hôpitaux de Paris. Hôpital Bichat, AP-HP, France

Ce texte a été publié sur le site du COREVIH Bretagne, nous le reproduisons ici avec l’aimable autorisation de son auteur, le Dr Cédric Arvieux.