36,7 millions de personnes vivent avec le VIH, 18,2 millions sont sous traitement

Uniquement entre janvier et juin 2016, un million de personnes supplémentaires ont eu accès à un traitement antirétroviral. Pourtant, les inégalités d’accès aux soins et au dépistage demeurent, et pourraient empêcher la communauté internationale d’atteindre, enfin, la fin de l’épidémie de VIH/sida.

Nombre de personnes vivant avec le VIH, Onusida 2016.

Le rapport de l’Onusida, Poursuivre sur la voie de l’accélération : L’approche fondée sur le cycle de la vie (en), estime qu’en juin 2016, entre 16,1 millions et 19,0 millions de personnes ont eu accès aux ARV, dont 910 000 enfants, doublant ainsi le chiffre atteint cinq ans plus tôt. L’Onusida estime que ces efforts sont maintenus, l’objectif de 30 millions de personnes sous traitement d’ici 2020 peut être atteint.

Nombre de personnes vivant avec le VIH bénéficiant d'un traitement ARV, 2010-2016, Onusida.

L’accès au traitement a évidemment un impact majeur sur l’espérance de vie. En 2015, le nombre de personnes vivant avec le VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. de plus de 50 ans était de 5,8 millions, soit 7% de la population adulte (15 ans et plus) vivant avec le VIH. Dans les pays à revenus élevés, ce sont 31% des personnes vivant avec le VIH qui étaient âgées de plus de 50 ans. Et si les objectifs de mise sous traitement sont atteints, le nombre mondial pourrait atteindre les 8,5 millions d’ici 2020.

Nombre de personnes vivant avec le VIH, âgées de 50 ans et plus, dans les pays à revenus élevés et dans les pays à revenus modérés ou bas, 2000- 2015, Projection 2020, Onusida 2016

L’Onusida estime également à environ 100 000 le nombre de personnes âgées de 50 ans et plus atteintes par le VIH chaque année dans les pays à revenus faibles et moyens nouvellement.

Ces personnes font face à des défis spécifiques : Les personnes âgées vivant avec le VIH ont jusqu’à cinq fois plus de risques de développer des maladies chroniques. Elles sont susceptibles de développer des effets indésirables à long terme à cause des ARV, une résistance aux médicaments. Elles peuvent avoir besoin de traitement pour les causes de co-morbidité telle que la tuberculose et l’hépatite C, et risque de souffrir des interactions médicamenteuses.

Populations clés

Les populations exposées sont surreprésentés parmi les personnes touchées: On estime qu’en 2014, 45% des nouvelles infections par le VIH à l’échelle mondiale concernent les populations dites clés. Chez les usagers de drogues, le nombre d’infections est en augmentation croissante (+36% entre 2010 et 2015), tout comme chez les homosexuels et les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (+12% entre 2010 et 2015). Le nombre de nouvelles contaminations reste élevé les travailleuses et travailleurs du sexe, ainsi que les personnes transgenres. Pour l’Onusida, il est vitale de réussir à mettre à disposition de ces populations des programmes de prévention et de traitement du VIH répondant à leurs besoins spécifiques.

Répartition des nouvelles infections selon les populations, par région, en 2014 (Onusida)

En Afrique subsaharienne, ce sont les adolescentes qui sont particulièrement exposées. «Les jeunes femmes sont confrontées à une triple menace », explique Michel Sidibé, directeur exécutif de l’Onusida. «Elles présentent un risque élevé d’infection, de faibles taux de dépistage ainsi qu’une faible observanceObservance L’observance thérapeutique correspond au strict respect des prescriptions et des recommandations formulées par le médecin prescripteur tout au long d’un traitement, essentiel dans le cas du traitement anti-vih. (On parle aussi d'adhésion ou d'adhérence.) du traitement. Le monde oublie les jeunes femmes et il est urgent d’agir davantage pour contrer cet oubli.» En 2015, environ 7500 jeunes femmes ont été nouvellement infectées par le VIH chaque semaine. Des études menées dans six régions d’Afrique australe et de l’est révèlent qu’en Afrique australe, les filles âgées de 15 à 19 ans représentent 90% de toutes les nouvelles infections du VIH parmi la tranche d’âge 10-19 ans. En Afrique Orientale, elles représentent plus de 74% des nouveaux cas. Au niveau mondial, entre 2010 et 2015, le nombre de nouvelles infections du VIH chez les jeunes femmes âgées entre 15 et 24 ans a diminué de seulement 6% passant ainsi de 420 000 à 390 000.

Outre celles et ceux qui sont infectés à l’adolescence, de nombreux enfants nés avec le VIH sont désormais adultes, et représentent 40% des jeunes vivant avec le VIH dans certains pays. «Si d’immenses progrès ont été accomplis à l’échelle mondiale dans le cadre de la lutte contre le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. le combat est loin d’être terminé, en particulier en ce qui concerne les enfants et les adolescents», a déclaré Anthony Lake, Directeur général de l’Unicef, dans un rapport rendu public pour le 1er décembre 2016. «Toutes les deux minutes, un nouvel adolescent, le plus souvent une jeune fille, est infecté par le VIH.» En 2015, plus de 100 adolescents sont morts chaque jour.

PTME

L’accès aux médicaments afin de prévenir la transmission du VIH de la mère à l’enfant est aussi en augmentation: +77% en 2015 (il était de 50% en 2010). Conséquence directe, les nouvelles infections chez les nouveaux nés ont décliné de 51% depuis 2010.

Le rapport de l’Onusida insiste sur le fait que les infections qui continuent à advenir lors de l’allaitement au sein pourraient être évitées si les mères vivant avec le VIH bénéficiaient toutes d’un traitement antirétroviral. Effectivement, sur 150 000 enfants nouvellement infectés par le VIH en 2015, environ la moitié ont été infectés lors de la phase d’allaitement au sein.

Le dépistage chez les nourrissons reste également une préoccupation majeure. Seuls 4 des 21 pays prioritaires en Afrique mettent à disposition des tests de dépistage auprès de plus de la moitié des bébés exposés au VIH durant les premières semaines de leur vie. Et au Nigéria, qui représente à lui seul plus d’un quart de toutes les nouvelles infections par le VIH chez les enfants dans le monde, seule la moitié des femmes enceintes vivant avec le VIH sont dépistées pour le VIH. 

L’importance du dépistage

Outre les difficultés d’accès aux traitement, l’insuffisance du nombre de dépistage du VIH reste un obstacle majeur à la mise en œuvre de la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconisant de proposer un traitement antirétroviral à toute personne vivant avec le VIH.

Selon un rapport de l’OMS publié à l’occasion du 1er décembre 2016, si environ 18 millions de séropositifs pour le VIH ont actuellement accès aux ARV, ce n’est pas le cas d’un nombre équivalent de personnes atteintes, et une majorité parmi celles-ci ignorent leur statut sérologique. Aujourd’hui, donc, 40% des personnes vivant avec le VIH l’ignorent, soit plus de 14 millions. «Des millions de personnes ayant le VIH ne bénéficient toujours pas du traitement indispensable qui peut également empêcher de transmettre le virus à autrui», a déclaré le Dr Margaret Chan, directeur général de l’OMS. 

Les hommes, particulièrement, ne représentent, au niveau mondial, que 30% des personnes ayant effectué un test de dépistage. Par conséquent, les hommes séropositifs ont moins de chance d’être dépistés et mis sous traitement ARV, et ont un plus grand risque que les femmes de mourir de causes liées à l’infection VIH.

Comme précisé plus haut, les adolescentes et les jeunes femmes en Afrique orientale et australe ont des taux d’infection pouvant être jusqu’à huit fois plus élevés que leurs homologues masculins. Pourtant, moins d’une jeune fille sur cinq connaît son statut sérologique.

Pour l’OMS, l’autodépistage du VIH est un moyen d’atteindre davantage de personnes qui ne connaissent pas leur statut. Les autotests, salivaires ou sanguins, donnent un résultat en 20 minutes maximum et nécessitent un test de confirmation dans un centre de santé. «En proposant l’autodépistage du VIH, on peut donner aux gens les moyens de connaître leur statut et aussi de prévenir leurs partenaires et de les encourager à se faire également dépister», a déclaré le Dr Gottfried Hirnschall, Directeur à l’OMS du Département VIH/sida. «Cela devrait aboutir à ce que plus de personnes connaissent leur statut et puissent agir en conséquence. L’autodépistage sera particulièrement intéressant pour ceux qui éprouvent des difficultés à accéder au dépistage dans le milieu médical et sont susceptibles de choisir de préférence la méthode de l’autotest.»

On a montré que l’utilisation des autotests doublait pratiquement la fréquence du dépistage du VIH chez les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. De récentes études au Kenya ont établi que les partenaires des femmes enceintes avaient deux fois plus recours au dépistage du VIH lorsqu’on leur propose les autotests par rapport à la méthode standard. 

Aujourd’hui, les autotests restent trop chers pour beaucoup de personnes qui pourraient être intéressées (En France, par exemple, ils coûtent 28€). L’OMS souhaite augmenter de nombre de kits d’autotests distribués gratuitement et travaille également à essayer de faire baisser leurs coûts.