CROI 2010 — Et maintenant que vais-je faire…

Le Pr Gilles Pialoux était à la CROI 2010, qui se tenait cette année à San Francisco, du 16 au 19 février et a coordonné le E-journal en direct de la CROI 2010 pour La Lettre de l’infectiologue. A la fin de la conférence restent en suspens beaucoup de questions.

> Consulter Le E-journal en direct de la CROI 2010.

A J4 de la CROICROI «Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections», la Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes annuelle où sont présentés les dernières et plus importantes décision scientifiques dans le champs de la recherche sur le VIH. on en est à comprendre la note que le concierge de l’hôtel vous a glissé sous la porte en pleine nuit avec une force propulsive rare, à compter ces heures d’insomnie comme des miles cumulés et de se dire qu’on a trop de choses à faire en rentrant. Toutes ces questions non résolues et tous ces projets de recherche qui ne feront parfois qu’attendre. Et puis il y a à mettre sa pensée clinique en ordre, notamment pour pouvoir répondre à la question traditionnelle des patients en consultation: quoi de neuf docteur?

Et si pour cette CROI 2010, on rentrait plutôt avec des questions:

– Pourquoi la recherche française  ne s’est-elle pas encore dotée d’une cohorte incidente MSM (ou de couples séro-différents) comme à San Francisco, Sydney ou Amsterdam? Cohorte qui permettrait des actions/recherches associant test/traitement/lutte contre les ISTIST Infections sexuellement transmissibles.  et counselling pour faire reculer des incidences aussi élevées qu’en Afrique du Sud, à l’instar des expériences de San Francisco (# 33 et 34) ou Vancouver (# 88LB);
– Pourquoi les données de diffusion des molécules dans les secrétions génitales telles que collectées avec le raltegravir (# 608 et 609) n’influencent-elles pas plus les attitudes antirétrovirales et les projets de prophylaxie post (PEP) ou pré (PrEP) exposition?
– Pourquoi depuis les inhibiteurs de fusion et les anti-CCR5 peine t-on à trouver de nouvelles cibles anti-rétrovirales?
– Pourquoi la PEP c’est encore «n’importe quoi» en termes de d’accessibilité, de durée de traitement, de choix des molécules?
– Est-ce Odile Launay (voir interview) dont la communication sur les résultats de l’essai ANRS-HIFLUVAC (# 804 LB)  de vaccination anti-H1N1 chez les patients VIH+ était programmée en toute fin de congrès, qui a fait … retarder le vol AF 83 de 3 heures pour qu’on l’écoute?
– N’y a t-il assez d’informations scientifiques pour modifier les guidelines au moins sur la question du «traiter tôt» mais aussi sur celle du traitement de la primo-infection  ou de l’infection récente ( cf l’ACTG 5217 ; # 134)?
– Si l’inflammation qui n’a de cesse d’être au cœur des mécanismes physiopathologiques de vieillissement accéléré et des troubles métaboliques a la place qu’on dit, quels marqueurs utiliser pour la détecter en clinique ? Existe t-il  des pistes anti-inflammatoires additives aux ARV crédibles, à l’image de la piste anti-CCR2?
– Y a-t-il encore des prophylacto-septiques vis-à-vis de «treatment as prevention» (Tasp) après la communication de Deborah Donnell (#136) qui a mené grâce à la Fondation Melinda et Bill Gates une étude auprès de 3 381 couples séro-discordants en Afrique avec 92% de réduction de transmission hétérosexuelle sous ARV?
– Y a-t-il encore une place après cette CROI californienne pour des intensifications de traitement? On va-t-on plutôt vers des traitements d’induction multi-cibles notamment chez les « late presenters »?

En clair, cette CROI 2010  s’est terminée en forme de points d’interrogation. Rendez-vous donc à Boston en 2011…