Traiter tôt : des conséquences pour les tests de diagnostic

La synthèse d’anticorps anti-VIH spécifiques est détectable à partir de 3 à 4 semaines après la primo-infection. L’instauration d’un traitement antirétroviral efficace peut empêcher, limiter ou retarder cette réponse anticorps par le contrôle de la réplication virale et la baisse des antigènes viraux circulants.

La détection des anticorps anti VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. dans le sang repose sur des tests de sensibilité variable allant du plus au moins sensibles (figure) : tests ELISA et 3ème (Ac seulement) et 4ème génération (Ac et Ag p24), test rapide TROD et autotest (Ac seulement), western-blot (Ac spécifiques dirigés contre chaque protéine virale), test désensibilisé mesurant un titre d’Ac et leur avidité contre différentes protéines virales.

Les tests de diagnostic

La très large majorité des patients traités efficacement au stade chronique demeurent positifs avec les tests ELISA avec des Ac dirigés contre toutes les protéines virales détectables en western-blot. Cependant, le test rapide peut s’avérer négatif chez 2 % des patients traités ayant une CV contrôlée (< 200 cp/ml). D’autre part, le titre d’Ac dirigés spécifiquement contre certaines protéines de l’enveloppe (V3 et ID gp41) diminue chez 30 % des patients, en particulier chez ceux dont la durée du traitement est la plus longue et la CV toujours indétectable. En revanche, quelques rares cas de séroréversion avec des tests ELISA de 3ème génération avec perte de certains Ac détectables sur le western-blot à 2 ans ont été observés chez des patients traités au stade de primo-infectionPrimo-infection Premier contact d’un agent infectieux avec un organisme vivant. La primo-infection est un moment clé du diagnostic et de la prévention car les charges virales VIH observées durant cette période sont extrêmement élevées. C’est une période où la personne infectée par le VIH est très contaminante. Historiquement il a été démontré que ce qui a contribué, dans les années 80, à l’épidémie VIH dans certaines grandes villes américaines comme San Francisco, c’est non seulement les pratiques à risques mais aussi le fait que de nombreuses personnes se trouvaient au même moment au stade de primo-infection. (entre 2 à 6 %). Plus récemment, chez des patients traités à des stades très précoces (moins de 20 jours après l’infection), 20 % des patients avaient un ELISA de 4ème génération négatif et 50 % un TROD négatif après 3 mois de traitement. Enfin, chez les « elite controllers », alors que les tests ELISA et western-blot demeurent positifs, l’avidité des Ac est inférieure à celle observée chez les patients traités efficacement ou non traités.

Autre exemple, celui du patient de Berlin « guéri » qui demeure positif en ELISA 4ème génération mais avec un titre total d’Ac et une avidité plus faible que chez les « elite controllers ». Que retenir de ces données ? La possibilité de réversion ou l’absence de séroconversionSéroconversion Période d'apparition, dans le sang, d'anticorps spécifiques en réponse au virus. chez un adulte ou un enfant infecté par le VIH et traité de façon efficace peut conduire à des difficultés de diagnostic. Le passage du statut de « séropositif » à « séronégatif » chez un patient qui se serait testé plusieurs fois pourrait aussi conduire à un arrêt inappoprié du traitement …

(D’après la communication orale de Delaugerre C.)

L’ANRSLa lettre de l’Infectiologue et Vih.org s’associent pour couvrir le séminaire 2015 de l’Agence de recherche «VIH: Traitement universel précoce, de la théorie à la pratique».