L’utilisation du lécanapavir en prévention préexposition est étroitement dépendante des solutions qui seront apportées à sa distribution hors brevet. Le lénacapavir est actuellement commercialisé environ 40 000 dollars par an, pour son utilisation chez des adultes infectés par le VIH-1 multirésistant, mais son prix pourrait être baissé s’il était génériqué.
Sous la pression, Gilead a annoncé, le 2 octobre 2024, avoir signé des accords de licence volontaires avec six fabricants de génériques pour accroître l’accès au lénacapavir pour la prévention du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. dans 120 pays à forte incidence du VIH et aux ressources limitées. Ce qui, selon l’IAS, laisse encore de nombreuses personnes de côté.
« Ces accords de licence permettant l’utilisation de versions génériques de lénacapavir dans certains pays constituent une avancée importante, mais de grandes parties du monde restent exclues, y compris les pays où des essais ont été menés », a déclaré Beatriz Grinsztejn, présidente brésilienne de l’IAS. « Nous espérons que le reste du monde bénéficiera bientôt d’accords similaires pour rendre le lénacapavir plus abordable et offrir une autre option puissante dans la boîte à outils de prévention du VIH. »
Priorité
Gilead a déclaré que les accords ont été signés «avant toute soumission réglementaire mondiale pour permettre aux pays [producteurs en Égypte, Inde et Pakistan] d’introduire rapidement des versions génériques du lénacapavir pour la prévention du VIH» une fois qu’ils auront reçu l’approbation réglementaire.
En même temps, le laboratoire a indiqué prioriser 18 pays à forte incidence dans lesquels il fournira le lénacapavir jusqu’à ce que des versions génériques soient disponibles (Botswana, Eswatini, Éthiopie, Kenya, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigéria, Philippines, Rwanda, Afrique du Sud, Tanzanie, Thaïlande, Ouganda, Vietnam, Zambie et Zimbabwe).
Les injections semestrielles de lénacapavir ont montré une protection à 100 % contre l’acquisition du VIH chez plus de 5 000 femmes cisgenres en Afrique du Sud et en Ouganda dans l’essai de phase 3 PURPOSE 1, présenté à AIDS 2024, la 25ᵉ Conférence internationale sur le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. (voir notre article).
Les résultats de l’essai PURPOSE 2 présentés en septembre 2024 ont montré que 99,9 % des 2 180 hommes cisgenres, personnes trans et non binaires qui ont reçu l’injection aux États-Unis, Afrique du Sud, Pérou, Brésil, Argentine, Mexique et Thaïlande n’ont pas contracté le VIH.
D’autres phases du programme Purpose sont prévues, avec des essais pour évaluer l’efficacité du lénacapavir auprès de différents groupes de personnes (femmes cisgenres, injecteurs de drogues) aux États-Unis.
Le Medicines Patent Pool
La People’s Medicine’s Alliance – coalition de PVVIHPVVIH Personne vivant avec le VIH et de leaders de la lutte mondiale contre le sida – a rendu publique une lettre signée par plus de 300 personnes demandant d’accorder une licence de production générique bon marché du lénacapavir via le Medicines Patent Pool (MPP). Ce mécanisme a été créé en 2010 par Unitaid pour permettre le partage de brevets, et la production de médicaments moins chers accessibles aux populations. Dans sa première phase de subvention 2010-2015, le mandat du MPP concernait exclusivement le domaine du VIH, étendu au traitement de l’hépatite C et de la tuberculose en 2015.
La propriété intellectuelle sur les produits de première nécessité comme les médicaments a fait l’objet d’un long combat des associations de PVVIH contre les laboratoires tout au long des années 1990, jusqu’à la création d’Unitaid qui vise à appuyer et à accélérer l’introduction de tests, d’outils et de traitements innovants pour relever les principaux défis sanitaires à l’échelle mondiale. Dans le cadre de cette mission, l’organisation s’est dite «prête à investir et à collaborer immédiatement pour permettre l’accès plus rapide au lénacapavir».
Dans un communiqué publié le 2 octobre, Unitaid insiste : «La stratégie d’accès doit être transparente, mondiale et équitable, et s’adresser en priorité aux personnes qui en ont le plus besoin, où qu’elles soient. Les populations et les pays touchés par des épidémies de VIH fortes, croissantes et concentrées – notamment les pays qui ont mené des travaux de base pour faire de la PrEPPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. une réalité, comme le Brésil – ne peuvent être exclus des accords de licence et des plans d’enregistrement. Il s’agit d’un élément essentiel pour l’équité, ainsi que pour garantir que le lénacapavir atteint tout son potentiel d’aide à l’élimination du VIH.»