Ainsi, en 2007, 4 personnes par jour apprenaient leur séropositivité à Washington. En 2016, ce taux est tombé à moins d’un résident par jour. Pour la maire Muriel E. Bowser et les responsables santé municipaux, cette baisse du nombre des nouveaux cas, de 1333 en 2007 à 347 en 2016, soit 74% de moins, peut être mise au crédit de la prévention diversifiée que la ville a mplémentée au niveau local: programme d’échange de seringues, préservatifs (plus de 6 millions de préservatifs masculins et féminins distribués en 2016), promotion de la PrepPrEP Prophylaxie Pré-Exposition. La PrEP est une stratégie qui permet à une personne séronégative exposée au VIH d'éliminer le risque d'infection, en prenant, de manière continue ou «à la demande», un traitement anti-rétroviral à base de Truvada®. et mise sous traitement précocement pour bénéficier des effets du TaspTasp «Treatement as Prevention», le traitement comme prévention. La base du Tasp a été établie en 2000 avec la publication de l’étude Quinn dans le New England Journal of Medicine, portant sur une cohorte de couples hétérosexuels sérodifférents en Ouganda, qui conclut que «la charge virale est le prédicteur majeur du risque de transmission hétérosexuel du VIH1 et que la transmission est rare chez les personnes chez lesquelles le niveau de charge virale est inférieur à 1 500 copies/mL». Cette observation a été, avec d’autres, traduite en conseil préventif par la Commission suisse du sida, le fameux «Swiss statement». En France en 2010, 86 % des personnes prises en charge ont une CV indétectable, et 94 % une CV de moins de 500 copies. Ce ne sont pas tant les personnes séropositives dépistées et traitées qui transmettent le VIH mais eux et celles qui ignorent leur statut ( entre 30 000 et 50 000 en France).
Les chiffres du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. restent très élevés dans la ville américaine. Presque 2% de la population vit avec le VIH, soit 13 000 personnes. Les deux populations les plus exposés à Washington sont les hommes noirs qui ont des rapports sexuels avec d’autres hommes, et les femmes. La ville a d’ailleurs initié la première campagne américaine de promotion de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) à destination des femmes noires.
Les usagers de drogues encore surexposés
Le programme d’échange de seringues a permis de réduire le nombre de découverte de séropositivité au VIH liés à l’usage de drogue par injection de 149 en 2007 à seulement sept en 2016. Cette politique ne devrait pas être remise en question par la nouvelle version de l’Affordable Care Act, la loi sur l’Assurance santé aux Etats-Unis. Rappelons que de 1998 à 2007, le Congrès a interdit à la ville d’utiliser des fonds publics pour financer des programmes d’échanges de seringues.
Les usagers de drogues restaient proportionnellement surexposés face aux VIH: de 2009 à 2013, l’usage de drogue injectable était la cause de 5% des découvertes de séropositivité chez les hommes (sur 2198 cas), et de 23% (des 391 cas) chez les femmes. En gros, parmi tous ces nouveaux cas de séropositivité durant ces années, environ un sur six rapportait des antécédents d’usage de drogue injectable.1Chiffres de 2014.
Selon le département de santé de la ville, les HSHHSH Homme ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes. qui utilisent des drogues injectables présentent un risque particulièrement élevé d’infection par le VIH. Entre 2009 et 2013, cette sous-population représentait 11% de tous les nouveaux cas de VIH chez les HSH à Washington. On estime qu’un HSH usager de drogue injectable sur 4 vit avec le VIH. Notons toutefois que, malgré les risques potentiel que représente le partage de matériel d’injection, plusieurs études suggèrent que de nombreuses infections dans cette population sont du à des rapports sexuels non protégés.2Chiffres de 2014.
La mairie compte désormais relayer la campagne U=U, pour Undetectable = Untransmittable, «indétectable = intransmissible», pour promouvoir l’efficacité de la prévention par un traitement antirétroviral (Tasp). La municipalité souhaite que Washington atteigne les objectifs 90/90/90 de l’Onusida en 2020, soit que 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que 90% des séropositifs reçoivent un traitement et que 90% des personnes traitées voient leur charge viraleCharge virale La charge virale plasmatique est le nombre de particules virales contenues dans un échantillon de sang ou autre contenant (salive, LCR, sperme..). Pour le VIH, la charge virale est utilisée comme marqueur afin de suivre la progression de la maladie et mesurer l’efficacité des traitements. Le niveau de charge virale, mais plus encore le taux de CD4, participent à la décision de traitement par les antirétroviraux. contrôlée par les antirétroviraux. Le but est de réduire le nombre de nouveaux diagnostics à 185 ou moins d’ici 2020, soit une baisse de 50 pour cent du nombre de nouveaux cas depuis 2015.