Cette mesure, annoncée à l’occasion de la Réunion de haut-niveau de l’Onusida sur la fin de l’épidémie qui s’est tenu à New York du 7 au 9 juin, est intervenue alors que les associations françaises se réunissaientà Paris dans le cadre de la Journée du TRT-5 autour de la prévention combinée pour s’interroger sur les moyens de mettre fin à l’épidémie grâce entre autre à la prévention biomédicale.
Les Centres gratuits d’information, de dépistage, et de diagnostic (CeGIDD) —voir notre carte— ont remplacé les Centres de dépistage anonymes et gratuits (CDAG) en janvier 2016 et ont vu leur missions étendues, entre autre aux hépatites virales et aux autres ISTIST Infections sexuellement transmissibles. Ces centres pourront donc désormais prescrire cette combinaison d’antirétroviraux, dont l’utilisation est prise en charge à 100% par la Sécurité sociale.
Marisol Touraine rappelle que ce traitement vise à faire reculer le nombre de contaminations chez certaines populations particulièrement exposées au risque de contamination —en particulier les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH). La ministre a également déclaré: «Grâce aux tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), aux autotests et à la prophylaxie pré-exposition (PrEP) par le Truvada, nous allons vers toutes les populations, même les plus éloignées. Pour mener ce travail, nous avançons main dans la main avec les associations, dont je veux saluer le rôle au quotidien.»
L’arrêté nécessaire devait paraître le 10 juin 2016.
Les populations exposées au coeur de l’épidémie
La ministre a également déploré que la déclaration sur le sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. adoptée mercredi par les pays de l’ONU suite à la réunion ne mette pas davantage l’accent sur les populations les plus exposées face au VIH: «La France regrette que nous n’ayons pas été en mesure de prendre pleinement en compte les populations clés dans notre déclaration publique». «Nous devons toucher des populations qui sont particulièrement à risque: migrants, hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, prostituées, personnes trans ou détenus», a-t-elle ensuite expliqué. «Croire qu’on peut juguler l’épidémie «sans avoir une telle stratégie ciblée (..) est une illusion».
Certains pays dont la Russie, l’Egypte, l’Arabie saoudite ou l’Iran, qui répriment l’homosexualité, ont reproché à la déclaration de concentrer l’attention sur ces populations à risque et ont tenu à faire valoir leur souveraineté nationale en matière de santé publique ou de «valeurs religieuses et morales».
Pour Marisol Touraine, au contraire, «cette approche ciblée doit s’appliquer partout dans le monde, C’est un impératif éthique, un impératif de justice, mais aussi d’efficacité».
Coalition PLUS, union internationale d’associations de lutte contre le sida, et AIDES, son membre français, saluent la prise de position de la Ministre à la tribune des Nations Unies en faveur des populations clés, alors que «la bataille pour renforcer le texte de l’ONU sur les populations clés a été perdue».
Elles appellent désormais la France à «concrétiser cet engagement politique en annonçant une augmentation des efforts financiers au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, seule institution internationale qui parvient à soutenir financièrement des programmes de prévention, de soin et d’accès aux droits pour les populations clés, y compris dans les pays où celles-ci sont criminalisées.» Les Etats-Unis venant d’annoncer pour leur part un effort supplémentaire de 100 millions de dollars.