Dans le contexte de l’augmentation de l’espérance de vie des personnes traitées, l’infection, l’inflammation chronique et certains traitements antirétroviraux viennent s’ajouter chez les personnes vivant avec le VIH aux autres facteurs de risques cardiovasculaires. Deux études ont ainsi été présentées lors de la CROI 2015, tandis qu’une autre est en attente de publication.
Atorvastatine
Dans la première étude, 40 personnes vivant avec le VIH, ne présentant aucun signe ou symptôme de maladie cardiovasculaire, et avec des niveaux de cholestérol LDL optimaux, ont été randomisés pour recevoir un an de Lipitor (atorvastatine) ou un placebo Les niveaux de LDL ont diminué dans le groupe sous traitement, alors qu’ils se sont élevés dans le bras placebo. De même, dans le bras sous Lipitor, le volume de la plaque a chuté de 4,7% (+18% dans le bras placebo), le volume de la plaque non calcifiée a baissé de 19,4% (+20,4% dans le bras placebo). Enfin, 65 % des personnes traitées par Lipitor ont vu leur plaque régresser, alors que la plaque a progressé chez 80% des personnes dans le bras placebo.
Rosuvastatine
L’étude utilisant du Crestor (rosuvastatine) a suivi pendant 96 semaines 147 personnes vivant avec le VIH sous traitement antirétroviral stable, qui avaient un taux de cholestérol LDL de 3,36 mmol par litre maximum. Dans le bras sous Crestor, les personnes ont vu une baisse significative de leur cholestérol LDL par rapport au bras placebo. Le niveau de l’artère carotide épaisseur intima-média ne progresse pas dans le groupe de traitement, alors qu’il a fait dans le groupe placebo; cette différence a été accentuée parmi ceux qui ont commencé l’étude avec calcification des artères coronaires.
CESAR II
Les statines ont par ailleurs montré des propriétés anti-inflammatoires indépendantes des variations des taux de cholestérol sérique. Les premiers résultats de l’étude CESAR II, menée par l’équipe de Laurence Weiss (HEGP) et actuellement en attente de publication, indiquent qu’elles semblent être efficaces dans la diminution de l’activation immunitaire chronique résiduelle. Cette dernière est associée à une récupération incomplète des cellules CD4 et à une augmentation de la morbidité-mortalité.
L’objectif de l’essai était d’évaluer l’effet de la rosuvastatine sur les marqueurs cellulaires de l’activation immunitaire chez les patients recevant un traitement antirétroviral efficace. Et effectivement, les chercheurs ont observé une diminution soutenue de l’activation des lymphocytes T CD8 chez les participants.
D’autres essais sont nécessaires pour confirmer ces résultats intéressants, ainsi que pour déterminer si les effets bénéfiques apparents découlant de l’utilisation des statines chez les personnes vivant avec le VIH se traduiront par une baisse des événements cardiaques et de la mortalité.