Des chercheurs français associant l’Université Paris Descartes, le CNRSCNRS Centre national de la recherche scientifique. et l’Inserm au sein de l’Institut Cochin, ont développé un candidat-vaccin contre la transmission sexuelle du VIHVIH Virus de l’immunodéficience humaine. En anglais : HIV (Human Immunodeficiency Virus). Isolé en 1983 à l’institut pasteur de paris; découverte récemment (2008) récompensée par le prix Nobel de médecine décerné à Luc montagnier et à Françoise Barré-Sinoussi. chez des macaques femelles, mimant le phénomène observé dans une population de femmes naturellement immunisées contre le VIH.
Ces travaux sont publiés en ligne dans la revue Immunity du 10 février 20111Immunization with HIV-1 gp41 Subunit Virosomes Induces Mucosal Antibodies Protecting Nonhuman Primates against Vaginal SHIV Challenges, Morgane Bomsel et al., Immunity 34, 1–12, February 25, 2011. Un succès qui n’est pas le premier dans ce champ, mais qui reste néanmoins prometteur.
L’originalité du candidat-vaccin développé par les chercheurs est d’induire la production d’anticorps au niveau des muqueuses, qui soient capables de prévenir très tôt l’infection par voie muqueuse, c’est-à-dire avant la multiplication du virus et sa dissémination dans le sang. Cinq macaques femelles (Macaca mulatta) ont été vaccinées par voies intramusculaire et nasale. Six mois plus tard, elles ont été exposées de façon répétée (13 fois) au VIH par inoculation vaginale. Les cinq animaux se révèlent protégés du développement de l’infection et restent séronégatifs, six mois après la dernière infection par le VIH.
«L’analyse comparative des anticorps induits par la vaccination dans le sang et au niveau des muqueuses montre que ce sont seulement les anticorps muqueux spécifiques de la surface du virus -aussi bien IgG que IgA- qui permettent de protéger les macaques de l’infection par voie muqueuse. Ce type d’anticorps a été décrit comme un corrélat de la protection chez des femmes résistant à l’infection malgré des rapports sexuels non protégés et qui seraient donc naturellement immunisées. Cela permet de penser que notre candidat-vaccin simule ce type de réponse naturelle», explique Morgane Bomsel, directrice de recherche au CNRS à la tête de l’étude.
Elaboration du candidat-vaccin
Pour élaborer ce candidat-vaccin, les chercheurs ont étudié la protéine transmembranaire Gp41 de l’enveloppe du VIH. Il s’agit de la partie de l’enveloppe virale variant le moins parmi toutes les souches virales du sidaSida Syndrome d’immunodéficience acquise. En anglais, AIDS, acquired immuno-deficiency syndrome. Gp41 contrôle, à la fois, l’entrée du virus dans les cellules de la muqueuse et l’infection d’une famille de lymphocytes T, les principales cellules cibles du VIH. Pour favoriser l’induction d’anticorps neutralisants lors de l’immunisation, les autres parties de l’enveloppe du VIH, non-neutralisantes, ont été retirées du candidat-vaccin.
Grâce à sa surface lipidique mimant la surface du virus, ce virosome, le vecteur vaccinal de ce candidat-vaccin, permet aux antigènes de Gp41 d’adopter une structure similaire à celle qu’ils ont in situ. Cela favorise l’induction d’anticorps neutralisants lors de la vaccination. «En plus d’une réponse immune de type humorale, c’est-à-dire liée à la production d’anticorps, anti-VIH puissante au niveau des muqueuses, sans avoir besoin d’une réponse cellulaire cytotoxique, le vaccin fonctionne relativement bien in vitro contre les sous-types B et C du VIH, responsables de 95% des cas aux Etats-Unis, en Europe et en Inde. Ce succès est prometteur», indique Morgane Bomsel.
Limites
«Cependant, conclut l’auteur, il reste beaucoup de travail à réaliser. Il existe plusieurs limites à ces résultats : le vaccin n’a été testé que sur des singes femelles. Il protège d’une infection vaginale non traumatique, ne reflétant pas nécessairement la réalité. Reste donc à étudier le vaccin chez des mâles et à voir son efficacité contre d’autres voies d’infection sexuelles (rectum, tractus oro-uro-génital). Enfin, il faut poursuivre cette étude, notamment quant à la durée de la réponse immunitaire protectrice »
Ce travail a été financé par l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), Sidaction et la Fondation pour la recherche médicale (FRM), en collaboration avec la société américaine Mymetics.