Les participants toujours en vie à la douzième semaine de traitement possédaient une phosphorémie de 1,3 mmol/l en moyenne, contre 1,06 mmol/l chez les patients décédés pendant ce même laps de temps. Les auteurs de l’étude ont ajusté les résultats en fonction de divers facteurs de décès connus : âge, sexe, taux le lymphocytes T CD4+, hémoglobine, indice de masse corporelle. Après ajustement, le taux de phosphore initial reste prédictif de décès prématuré. Pour chaque augmentation de la phosphatémie de 0,1 mmol/l, le risque de décès diminue de 17%.
Le mécanisme évoqué est celui du syndrome de réalimentation, décrit chez les prisonniers victimes d’intense dénutrition à la fin de la seconde guerre mondiale. La reprise d’une alimentation normale s’accompagnait de nombreux décès dont la responsabilité a été imputée au phosphore. Une carence s’était installée au cours des privations et, lors de la ré-alimentation, les cellules avides de phosphore, ont provoqué une forte déplétion sanguine, responsable de la mort.
En Afrique subsaharienne, depuis 2003, les ARV sont de plus en plus disponibles et pourtant la mortalité reste élevée, en particulier pendant le premier mois de mise sous traitement. Taux de CD4 particulièrement bas et IMC faible ont été évoqués mais, dans ces régions où sévit la famine, des anomalies métaboliques particulières surviennent. Ceci, joint à une amélioration rapide de l’appétit et de l’activité dans un pays où l’alimentation repose principalement sur des hydrates de carbone, a fait naître, chez Heimburger et son équipe, l’hypothèse d’un pseudo-syndrome de réalimentation. Ils proposent comme explication qu’une phosphorémie basse est incapable de maintenir l’homéostasie au moment des changements métaboliques liés à l’instauration du traitement.
> Serum phosphate predicts early mortality in adults starting antiretroviral therapy in Lusaka, Zambia : a prospective cohort study / D. C. Heimburger et all. – PloS One, mai 2010, vol. 5, n° 5. – 7 p.