Oropouche, une maladie sous surveillance au Brésil

L’Oropouche, une maladie propagée par des moucherons et certains types de moustiques, a provoqué des épidémies dans des régions du Brésil depuis les années 1980, au Pérou en 2016 et en Guyane en 2020. Le point sur ce virus et autres arboviroses du bassin amazonien avec Daniele Medeiros (Institut Evandro Chagas, Institut Aggeu Magalhães, Brésil), à l’occasion des Journées scientifiques 2025 de l’ANRS-MIE.

Le virus Oropouche a récemment démontré son fort potentiel de dispersion lorsqu’il est devenu le principal agent pathogène émergent lors de l’épidémie de 2024 au Brésil. Il entraîne une maladie, qui ressemble à la dengue avec des symptômes survenant entre trois et sept jours, comme de la fièvre, des douleurs aux yeux et des céphalées intenses. Dans la moitié des cas, un stade paucisymptomatique apparaît pendant une semaine, avant que les symptômes resurgissent.

Dans cette seconde phase, on constate des cas neurologiques graves, des décès et des infections chez les femmes enceintes, associées à des fausses couches, des mortinaissances et des décès fœtaux intra-utérins. Ces cas restent assez rares. Un cas de transmission materno-fœtale a entrainé la mort du fœtus, à l’été 2024

Des échantillons ont été collectés et des études expérimentales menées, qui semblent indiquer qu’il y a plusieurs vecteurs d’Oropouche, notamment les moucherons Culicoides paraensis. La plupart des épidémies se sont produites dans l’Amazonie, depuis les années 1980.

Dans ce contexte, la nécessité d’une surveillance épidémiologique continue et d’un suivi moléculaire est renforcée, notamment dans la région amazonienne qui reste un épicentre de nouvelles menaces virales. Le défi est grand dans la région, en raison de la circulation de plusieurs arbovirus et la difficulté de faire des études en Amazonie. L’objectif des chercheurs est de mettre à disposition un test sérologique développé au Brésil et de mieux comprendre la pathogenèse de cas particuliers observés chez les fœtus.

Par ailleurs, pour Daniele Medeiros, les autres pays du Sud devraient améliorer la surveillance des cas, dans un contexte de co-circulation des arboviroses    

 Plus de 200 espèces d’arbovirus isolées dans la forêt amazonienne

Parallèlement aux épidémies de dengue depuis quarante ans (4 000 cas de dengue recensés en 2024) et à l’établissement du chikungunya depuis 2015 comme menace majeure pour la santé publique, avec des conséquences neurologiques et arthritiques prolongées, l’Amazonie est un réservoir naturel d’arbovirus dans le milieu sauvage, facilitant leur émergence, leur réémergence et leur propagation vers les régions extra-amazoniennes.

Ainsi, la fièvre jaune continue de provoquer des épizooties et des flambées épidémiques tous les trois ans, tandis que le virus Mayaro demeure un risque émergent avec un potentiel d’adaptation aux milieux urbains.

Au cours des 70 dernières années de recherche sur les arbovirus en Amazonie brésilienne, l’Institut Evandro Chagas a joué un rôle fondamental dans l’isolement de plus de 200 espèces d’arbovirus de la forêt amazonienne, ainsi que dans la surveillance des arbovirus importants pour la santé publique.

Les activités humaines (construction d’autoroutes, déforestation, etc.), les modifications de l’écosystème ont conduit le laboratoire à se rendre à de nombreuses reprises dans les forêts pour surveiller les arbovirus pouvant émerger et causer des problèmes de santé publique. Depuis la création de l’institut, 42 arbovirus liés à de nouvelles maladies et infections ont été détectés : mucambo, dengue, chikungunya, encéphalite équine de l’est, etc., qui affectent les hommes mais aussi les animaux.